Voilà plus de quinze ans que
Rabih Abou-Khalil égaie les bacs des disquaires avec les
pochettes de ses albums où la calligraphie arabe s'inscrit
en brillance sur des fonds soutenus. Et si "Il sospiro"
est son premier enregistrement en solo, la pochette n'échappe
pas à la règle, on a de suite envie de palper l'objet
; on retire hâtivement la pellicule plastique, et puis c'est
le premier contact, le granulé du digipack est pareil au
sable des plages de notre imaginaire, chaud et moelleux. Sur le
fond cuivré, se dégagent des arabesques bleues nuit
et vif argent dessinant une porte intemporelle d'un palais des Mille
et une nuits. Nous voilà prêts à percer les
secrets du joueur de oud.
Seul avec son instrument ? Non pas vraiment. La musique vit des
vibrations des cordes mais aussi du silence, de la respiration,
d'un soupir
La mélancolie se mêle à
la joie, la gravité à l'allégresse, la tradition
au contemporain.
Sorte de journal intime, "Il sospiro" a été
réalisé en complicité avec l'ingénieur
du son Walter Quintus qui enregistrait les titres au gré
des pensées musicales du compositeur. Bien au-delà
de la maîtrise instrumentale, Rabih Abou-Khalil nous dévoile
un univers riche de sentiments.
Comme le monde apparaît beau et simple tout à coup.
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