Il y a trois ans, "les citrouilles écrasées"
tiraient leur révérence, laissant orphelins les
millions d'adorateurs des compositions ciselées et schizophrènes
de Billy Corgan.
Cet album, censé faire office de testament, ne remplit
que très partiellement sa mission. Fourre tout composé
d'interludes dispensables et de prestations live enregistrés
en quatre coins du monde, ne rendent pas justice au dernier grand
groupe de rock US, Earphoria est presque exclusivement axé
sur les titres de Siamese Dream, réussite artistique et
commerciale qui mit le pied à l'étrier du groupe.
C'est donc la chronique d'un succès annoncé, touchante
par les approximations qui la jalonnent. Si la pureté diaphane
d'un Cherub rock acoustique (enregistré pour MTV unplugged)
tranche avec la chaotique et écorchée relecture
scénique de Disarm (enregistré par une TV anglaise),
ce n'est que pour mieux illustrer les contradictions du combo,
qui aura finalement laissé sa peau dans la quête
impossible du juste compromis entre érudition et bestialité,
finesse et vulgarité.
Avant que Corgan ne se prenne pour la réincarnation du
Tout-Puissant, entouré d'elfes réduits au rôle
d'exécuteurs, les Smashing assumaient leurs erreurs humaines.
La suite, on la connaît: depuis Icare, l'histoire a tendance
à être redondante. De l'infinie tristesse d'avoir
pris le melon : Earphoria est le véhicule de cette rédemption
d'autant plus salvatrice qu'inattendue de la part de son altesse
et de ses valets, qui daignent découvrir sans fausse pudeur
leurs résidus de fragilité.
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