Comme sur leur premier
album, on retrouve leur goût du métissage, mélange
indicible de toutes leurs influences; ainsi est né leur
identité. Ils ont aussi gardé leur formule instrumentale
originale, guitare, oud, accordéon, batterie, percussion
et tuba. Mais le groupe a évolué, effectué
un parcours scénique imposant qui les a conduit sans discernement
des Francofolies de La Rochelle aux festivals de jazz de Vienne,
de Montréal ou Montreux.
Et ce deuxième album nous entraîne vers une Terre
inconnue où la féminité tient la une. Les
mots, mis plus en avant que sur leur précédent enregistrement,
tournent tous autour de la condition de la femme. Qu'elle soit
connue comme sur Aung san suu "Queen", hommage à
la révolutionnaire birmane, ou qu'elle soit anonyme comme
dans Zina, Leïla ou Maïmouna, les textes dénoncent
avec une belle sensibilité l'oppression et les injustices
dont elles sont victimes.
Hymne à la paix, hommage soutenu ou chronique sociale,
les chansons sont portées par le chant d'Abdel Waeb Sefsaf.
La voix a gagné en présence et en densité,
entre rap désinvolte et chant traditionnel pakistanais
sur Jazz haïr, elle se transforme en gouaille parisienne
sur Zina et le chanteur passe sans encombre du français
à l'arabe ou à l'anglais.
Chaque titre laisse aussi des plages musicales qui permettent
à chacun des musiciens de s'exprimer, Jean-Luc Frappa à
l'accordéon ou à l'harmonium sur les titres à
l'influence pakistanaise, Aloua Idir aux guitares et à
l'oud. Et histoire de désorienter un peu plus l'auditeur,
le groupe reprend le célèbre Vesoul de Jacques Brel
sur une tournante aux relents électro.
Une nouvelle fois la réussite est au rendez vous de ce
groupe qu'il faut aussi découvrir sur scène. Et
si nous étions tous des nègres blancs ?
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