Chris Potter n'a que trente-deux ans
et il nous semble pourtant qu'on l'écoute depuis toujours.
Il faut dire qu'il a enregistré son premier album en 1992
alors qu'il n'avait que vingt et un ans.
Depuis, il s'est imposé aussi bien en leader avec des
disques acclamés par les critiques et le public, qu'en
sideman auprès de musiciens aussi exigeants que Dave Holland,
Paul Motian, Steve Swallow ou encore Steely Dan. Il est de cette
génération de musiciens qui possède une technique
monstrueuse mais qui sait de plus se construire une carrière.
Enregistré en public au Village Vanguard, Lift est un
disque qui révèle le saxophoniste au sommet de sa
forme, en pleine maturité. Il est accompagné de
son trio habituel, gage de réussite pour une prise de son
sur le vif. Chacun des trois musiciens livre le meilleur de lui-même,
la finesse du toucher prime chez le pianiste Kevin Hayes, Scott
Colley est profond et précis à la contrebasse et
Bill Stewart à la batterie qui laisse parler son imaginaire
fertile.
Il faut donc s'en convaincre, porté par de tels musiciens,
Chris Potter ne pouvait que se surpasser. Il nous livre de virevoltantes
introductions en solo, quelque part entre Art Pepper et Steve
Grossman, un son puissant où l'émotion n'est jamais
très loin. On le sent inspiré, même si trois
morceaux dépassent les douze minutes, et s'étirent
un peu en longueur.
L'album se termine sur Boogie stop shuffle de Charles Mingus
qui offre une ultime tribune aux musiciens qui se lâchent
littéralement. Ah, comme on regrette de ne pas avoir assisté
à ce concert ! En attendant de le voir en France bien évidemment.
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