Chaque nouvel album de Muse est un pas davantage marqué
vers le grandiloquent. Leurs disques sont proportionnels et bien
souvent calculés au taux de remplissage des salles de concerts.
Le succès aidant depuis Showbiz,
le premier opus, leurs chansons prennent des allures de péplums
intersidéraux pour en arriver tout dernièrement
avec Black holes & revelations au niveau sonore qui comblera
d'aise l'enceinte d'un stade de foot et ses occupants.
Ce disque est donc un opus de mégalomane à qui
on ne refuse plus rien. On ne peut pas nier que Muse a toujours
eu une certaine idée de l'équilibre entre l'introspectif
et un style pompier, en plus Muse n'a jamais eu la mauvaise idée
d'être fade comme Coldplay ou disjoncté comme The
Libertines, ils pouvaient faire genre de s'encanailler tout en
restant propre sur eux, bref ce qui sauvait ce groupe c'est qu'ils
ne pouvaient pas attaquer la face Nord de la Montagne en slip
et chaussettes (faute de moyens ou simplement d'envie) mais restaient
sagement dans la vallée sans autres prétentions
que de distraire le randonneur. Leur changement incessant de statu(e)s
au fil des ans leur a sûrement offert l'opportunité
d'essayer cette ascension tout en leur faisant perdre une bonne
part de leur originalité.
Ce disque est donc construit et destiné à l'auditeur
lambda des radios rock généralistes, ce même
individu qui s'amassera dans un complexe bondé sans chercher
autre chose que du bruit. Pour les plus sagaces le petit jeu des
comparaisons : dès Take a bow qui débute l'album,
on reconnaît Queen et soudain Bellamy rime avec Mercury,
deuxième piste Starlight, un pompage sur un rythme binaire
cher à Depeche Mode, Supermassive black hole est un mélange
de Garbage et de Prince, Invincible du U2 grattant sur des guitares
maritales jusqu'à la trompette d'un mariachi aseptisé
portant un pseudo rythme manouche pour City of delusion. A noter
cependant un bijou dans cette cavalcade orgueilleuse : Soldier's
poem qui a le mérite de s'affirmer comme le pire titre
kitch totalement à contre courant du sujet.
On ne peut qu'être déçu du résultat,
est-ce le fait du changement de label ?
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Muse.
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