Rencontre
avec Mina Agossi; chanteuse, compositrice, femme de France, d'Afrique
et du monde. Aussi personnelle dans ses interprétations musicales
que dans ses réponses. Plaisir de parler avec une femme bien
dans sa tête !
La
dernière partie de votre nouvel album (Well you needn't)
relève du jazz traditionnel. Et vous terminez l'enregistrement
par deux morceaux français ! Est-ce un virage dans
votre carrière ?
Je ne peux évidemment pas me présenter comme
une chanteuse française car la diction du français
est totalement différente de la langue anglaise. Tout
y est plus doux et la façon de chanter les consonnes
est totalement différente dans les deux langues. J'ai
eu le plaisir de chanter deux morceaux qui m'ont toujours
complètement émue (Au bois de Boulogne de Francis
Lemarque et Clopin-clopant de Bruno Coquatrix). Je voulais
juste en interpréter quelques mesures, un peu comme
des morceaux fantômes.
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Pourrait-on
un jour vous entendre sur un album uniquement en français
?
Oui bien
sûr ! Ce serait intéressant et un beau challenge !
Ce serait mon truc à moi, avec des interprétations
personnelles et non pas à la manière de... Ma façon
de m'exprimer est personnelle. Pour moi, l'important n'est pas de
plaire ou de déplaire. On aime ou on déteste ce que
je fais. Tout cela est très ludique mais très tranché.
Le pire des compliments qu'on pourrait me faire serait: " C'est
sympa !" ou " c'est pas mal !" Je préfère
qu'on aime totalement ou pas du tout !
Qu'est-ce
qui vous fait courir et d'où vient votre énergie ?
De l'Afrique probablement ! Et de tous ces voyages que j'ai effectués
dans ma jeunesse ! Je suis une vraie boulimique de la vie et des
rencontres. C'est une vraie joie de vivre et cela m'a donné
mon énergie.
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Vous
avez été élevée en Afrique par votre
mère qui était professeur de sciences ?
Certains disent que le caractère d'un adulte est souvent
forgé par la période qu'on vit entre sept et onze
ans. A cette période, j'étais au Niger avec ma
mère qui y enseignait. J'ai rencontré une petite
américaine qui vivait là-bas et au début
nous ne nous comprenions pas. Nous avons appris chacune la langue
de l'autre. Ensuite, elle est venue en France et moi à
douze ans, j'ai quitté le Niger pour aller à Chicago.
Imaginez un instant ce que cela signifie pour une enfant de
douze ans de passer du fin fond du Sahel aux tours de Chicago!
J'ai vite compris les différences et les inégalités
qui existaient dans le monde. Inégalités sociales
et de chances sur la planète ! Avec des yeux d'enfant
en plus ! On ne voit plus la vie pareille par la suite ! |
Après
autant d'années, vous gardez toujours cette âme de
nomade. Parvenez-vous à poser vos valises quelque part ?
Je voyage encore beaucoup. Aujourd'hui, je vis à Paris et
je pense m'installer à Londres car mon label est anglais.
Je suis libre, sans enfants, et peux me déplacer comme je
veux.
Vous
dites que vous n'avez pas d'enfant. Est-il facile pour une femme
d'être artiste ? Rêve-t-on parfois d'une belle maison
avec un mari et des enfants ?
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