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Peux-tu
expliquer le concept de ce nouvel album, Digimortal, et le
lien qu'il existe entre l'homme et la machine ?
Le concept de " l'homme contre la machine " a évolué
au fil des ans. On a trouvé ce titre, Digimortal, qui
traduit bien cette évolution. C'est la contraction
de Digital Mortality, comme si l'homme et de la machine cohabitaient
enfin. Dans le futur, l'humanité intégrera la
" technologie ". On va s'y adapter, et évoluer
avec elle. La technologie va prendre de plus en plus de place
dans notre vie, à tel point que sans elle on n'existera
plus. Et réciproquement, sans humanité, il n'y
a pas de technologie. Avec cette évolution, l'homme
a tourné la clé de l'immortalité, il
vivra pour toujours. En fait, on pose trois questions d'ordre
philosophique. Si on transfère ta mémoire dans
un clone, est-ce que c'est toujours toi ? L'âme est
elle une partie de ta mémoire ou quelque chose d'autre
? L'âme est-elle la somme du conscient et de l'inconscient
? |
Si ces
questions sont d'ordre philosophique, où trouves-tu ton
inspiration, dans la littérature ?
Un peu partout en fait. Je trouve mon inspiration en observant
le monde qui nous entoure. J'écris, et je me considère
d'ailleurs comme un auteur. Et quand on écrit, on observe
toutes les facettes de la vie jusqu'aux plus petits détails.
C'est ce que je fais, j'observe et j'en tire une réflexion.
Je lis la presse scientifique, les journaux, et des livres bien
sûr. J'aime lire, et j'ai toujours été fasciné
par la science. J'aime me tenir au courant des dernières
avancées technologiques. Et j'intègre tout ça
dans Fear Factory. Ce sont les questions philosophiques qui ont
poussé la science à y répondre. Parce que
la véritable question sur l'humanité, c'est de savoir
ce que nous sommes. Et quand on cherche le sens de la vie, on
essaie de trouver d'autres réponses, on essaie toujours
d'en apprendre plus sur soi-même. On en revient à
la philosophie.
Tu te considères
comme un auteur, un écrivain, quand tu écris tes
chansons, aimerais-tu écrire un livre par exemple ?
Pour ce disque j'ai écrit une sorte de synopsis, une description
de ce qu'on y trouve. On peut le trouver sur notre site Internet
www.fearfactory.com.
J'écris tout le temps, pas seulement des chansons, mais
aussi des essais, des poèmes, des histoires. Rien de tout
cela n'a été publié pour le moment, mais
j'ai des tas de manuscrits à la maison.
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As-tu
donné à lire ce que tu écrivais à
tes amis ou aux autres membres du groupe pour avoir leur avis
?
Oui, mais pas mes écrits personnels, juste le synopsis.
Ils l'ont aimé, parce qu'ils comprenaient mieux de
quoi je parle dans les textes. Il y a quelques mois, on est
venu en Europe pour donner des interviews, et je leur ai donné
le synopsis à lire pour qu'il sache quoi répondre
quand on leur posait une question sur l'album, du genre :
de quoi parle cette chanson ? Dedans, il y a une description
générale de l'album, et une explication de chaque
chanson. |
Quand vous
composez, tu as entièrement carte blanche pour écrire
les textes ?
C'est moi qui écrit les textes. Quand j'ai fini, les autres
donnent leur avis dessus. Ils me demandent surtout de simplifier
un peu les choses. Ils font parfois office de correcteurs, et
ils m'apportent quelques idées nouvelles.
Le thème
des technologies, c'est une source d'inspiration qui te paraît
inépuisable ?
Oui, les technologies évoluent chaque jour, et elles affectent
l'humanité au quotidien. Chaque avancée entraîne
de nouveaux effets. C'est une source d'inspiration infinie.
Mais est-ce
que Fear Factory pourrait traiter d'autre chose ?
On pourrait, mais ce ne serait plus vraiment Fear Factory. Depuis
le début, Fear Factory est un concept. Le nom lui-même
est un concept. C'est une machine qui produit les images d'un
futur dont on parle dans nos chansons. Si on ne faisait pas ça,
ce ne serait plus Fear Factory. C'est notre marque de fabrique.
Musicalement,
si on compare Digimortal à Obsolete, peut-on dire que ce
nouvel album est plus " simple ", moins complexe ?
Oui, il est effectivement plus simple d'accès. Quand on
s'est réunis pour travailler sur ce disque, notre seul
mot d'ordre, c'était : la simplicité. Dans la machine
Fear Factory, on s'est aperçu qu'il y avait des tas de
parties qui n'étaient pas indispensables. Pas besoin de
cinq ou sept riffs, trois riffs suffisent. Pas besoin non plus
d'écrire des chansons de six minutes ; trois à quatre
minutes suffisent. Tout ça nous a permis de rendre la machine
plus puissante. Chaque chanson est beaucoup plus directe. Tu es
entraîné par le groove et la mélodie. Fear
Factory était un peu trop complexe. Les gens aimaient nos
chansons, mais après trois ou quatre minutes, on perdait
leur attention. On veut montrer qu'on est un groupe live, et on
veut que cela transparaisse dans nos albums. Par le passé,
on s'est aperçu que nos chansons les plus simples étaient
aussi les plus populaires, comme Edgecrusher, Replica...
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Est-ce
que cela veux dire qu'avec cet album vous voulez vous rapprocher
de ce que vous faites sur scène ? Avez-vous aussi simplifié
la partie scène ?
Les sons électroniques, les machines et les claviers
sont toujours là, mais ils sont plus discrets, ils
se mélangent mieux au reste de la musique. L'énergie
est toujours la même. Quand je dis que c'est plus live,
c'est surtout au niveau de la réponse du public. |
Sur l'album,
il y a un invité spécial, B-Real de Cypress Hill,
peux-tu nous en dire quelques mots ?
B-Real est un excellent MC, et ça ne court pas les rues.
Il a participé à l'album un peu par hasard. Christian
et Dino ont travaillé avec lui sur le dernier album de
Cypress Hill. Christian et B-Real sont devenus potes. Il fait
un peu partie de la famille maintenant. Il est passé au
studio pour tuer le temps, jouer aux jeux vidéo
On
avait fini d'enregistrer l'album, on en était au mixage,
mais on avait mis de côté cinq morceaux, des faces
B pour lesquelles je n'avais pas encore écrit de textes.
La musique était déjà en boîte, et
il y avait ce morceau que Christian aimait tant. Un jour que B-Real
était dans les parages, on lui a demandé s'il voulait
poser des mots dessus. Deux heures plus tard, on commençait
à écrire la chanson ensemble. Quatre heures plus
tard, la chanson était enregistrée. La spontanéité
entraîne toujours la créativité. C'est une
bonne chanson, on était tous très surpris du résultat.
Elle était tellement bien qu'on a décidé
de l'inclure dans l'album.
Demanufacture
a été suivi par Remanufacture. Peut-on s'attendre
à une sorte de Re-Digimortal, avec des remixes ?
On a effectivement prévu de faire des remixes de cet album.
On ne l'a pas fait pour Obsolete, notamment parce que tout le
monde nous attendait au tournant, et à l'époque
ça ne nous intéressait pas vraiment. Cet album est
parfait pour faire des remixes, parce qu'il a été
entièrement enregistré avec Pro-tools, ce qui simplifie
les choses. Et actuellement, on est en train de réfléchir
sur ce concept d'album de remixes
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A
propos d'Internet, je sais que tu es un utilisateur de Napster,
alors quel genre de choses recherches-tu ?
J'aime Napster, je trouve que c'est une super idée,
même si ma connexion Internet est très lente
et qu'il me faut près de 25 minutes pour télécharger
une chanson ! J'aime télécharger de vieilles
chansons que je n'ai pas entendu depuis longtemps, comme les
Smiths
Avec le lecteur MP3 de mon ordinateur, je peux
les écouter quand je veux. Je n'ai encore jamais téléchargé
un album tout entier. Je n'ai pas été surpris
de trouver notre album sur Napster. Je savais bien que cela
devait arriver. |
C'est comme
ça aujourd'hui, dès que les premiers exemplaires
circulent. Pour moi, c'est la meilleure promotion qui soit. Si
j'ai entendu parler d'un groupe, mais que je n'ai jamais entendu
ce qu'il fait, je vais d'abord télécharger quelques
chansons, et si je trouve ça bien, je vais m'acheter le
disque. Je connais pas mal de gens qui téléchargent
des albums entiers, mais ils vont acheter les disques parce qu'ils
veulent les textes, la pochette.
Penses-tu
justement que le fait de proposer un album très esthétique,
un bel objet collector, cela incite plus les gens à acheter
le disque qu'à le télécharger sur Napster
?
Oui, on leur offre quelque chose qu'il ne peuvent pas se procurer
autrement. Il faut prêter une attention toute particulière
à ton produit fini, parce que c'est un produit. Il faut
leur donner une belle pochette, des titres bonus, les textes,
des photos
Tu travailles
personnellement sur le design des pochettes ? Vous donnez une
direction artistique ?
Oui, on travaille avec l'artiste qui le réalise. On lui
donne des indications sur ce que l'on veut montrer. Et l'artiste
compose à partir de ça.
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Si
tu allais sur une île déserte et que tu devais
emmener une seule chose avec toi, un peu de technologie par
exemple, qu'est-ce que ce serait ?
La chose que j'emmènerais, ce serait mon couteau de
poche ! Sur une île déserte, c'est l'outil le
plus indispensable pour survivre ! Je n'ai pas besoin de technologie
à tout prix. Mais ce qui me manquerait le plus, c'est
la communication et le fait de pouvoir relever mes e-mails.
En tout cas, mon couteau de poche me permettrait de survivre
! |
Un dernier
mot pour les fans français ?
J'espère que vous allez aimer notre nouvel album. On sera
bientôt de retour
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