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Mardi 2 août 2005. Nous sommes à Marciac, un petit village du Gers sur lequel veille la statue du trompettiste Wynton Marsalis. La nuit est tombée quand l'un des papys les plus célèbres du monde foule la scène du chapiteau.

Il est probablement le seul à le savoir, mais c'est la dernière fois qu'il chantera devant un public. C'est son dernier soir sous le feu des projecteurs. L'homme est fatigué, certes, mais il est heureux. Comme tous ses musiciens, tous éprouvés par la tournée qu'ils viennent d'achever.

Celui qui est né en 1927 à Santiago, à l'Est de l'île de Cuba, doit affronter la vie très jeune. Il n'a que douze ans quand sa mère décède et se voit alors contraint de travailler pour survivre. Pour cela, il doit accepter tout ce qui se présente à lui : docker, menuisier ou même maçon. Mais c'est un autre destin qui l'attend …

Alors qu'il chante dans les bals depuis son plus jeune âge, il ne débute véritablement dans le monde de la musique qu'avec le groupe qu'il monte avec son cousin, puis avec d'autres formations locales. Au début des années 1950, il officie comme chanteur dans le groupe Pacho Alonso. La route est encore longue…

La carrière d'Ibrahim Ferrer est lancée et prend une tournure décisive quand il apparaît aux côtés de l'Orquestra Chepin-Chovén et de la grande idole des cubains, Benny Moré. Il devient désormais célèbre dans toute l'île. Son aventure avec Pacho Alonso qui aura duré pas moins de vingt ans est une réussite totale. C'est alors que son destin se dessine du côté de La Havane.
Arrivé dans la capitale en 1959, Ibrahim Ferrer vit difficilement de sa maigre retraite de musicien, à tel point qu'il doit encore cirer des chaussures pour grossir un peu plus ses revenus. Mais il croit toujours en sa bonne étoile … Et un jour de 1996, Ibrahim enregistre enfin son premier album, aux côtés des Afro Cubans All Stars. Le vieux crooner n'avait donc pas dit son dernier mot et cet album n'est que le premier…

En effet, 1997 s'annonce comme l'apogée de sa carrière, avec le Buena Vista Social Club. Le monde entier découvre enfin ce papy au regard charmeur et sa bande de joyeux cubains. Parmi eux figurent deux autres légendes Compay Segundo et Ruben Gonzalez (hélas décédés eux aussi en 2003).

 

L'album du Buena Vista s'est vendu à plusieurs milliers d'exemplaires dans plusieurs pays du monde. Un prodige renaît ! Il vit à nouveau de sa musique, à laquelle il a tant donné, et qui certes le lui rend un peu tardivement. Mais mieux vaut tard que jamais !

En 2003 sort son dernier album Buenos Hermanos, qu'il livre en héritage à une terre riche en jeunes artistes. Une " nouvelle génération " dont on perçoit les traits dans le film Musica Cubana, sorti cette année.

Durant le vol qui le ramène sur sa terre natale, Ibrahim Ferrer se sent mal. Samedi 6 août le " maestro " du boléro tire sa révérence. Et c'est tout un quartier, le très populaire Municipio Plaza qui pleure son grand-père. Adios Ibrahim !

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