Magic Malik,
Malik Mezzadri de son vrai nom, est un flûtiste virtuose,
qui a su adapter un instrument finalement peu usité à
une musique moderne et exigeante. Après de multiples participations
à différents groupes, il sort son troisième
CD et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est réussi.
Votre
nouvel album est double, le premier CD contient des morceaux achevés,
le second des titres plus expérimentaux. Vous pouvez nous
en dire plus ?
J'aime bien faire les choix qui s'imposent en fait. En rentrant
en studio, j'avais abouti à une certaine recherche par rapport
aux compositions que je voulais faire avec l'Orchestra ; c'est très
bien tombé que l'enregistrement arrive à ce moment-là.
Du coup, on a enregistré deux disques.
Mais
ces titres que vous appelez Xp sont assez inhabituels, est-ce
qu'ils représentent une phase de votre travail ?
C'est ça ! C'était des morceaux qu'on jouait
pour se chauffer le matin. J'arrivais au studio, je composais
une Xp et on avait une heure devant nous pour la répéter
et l'enregistrer. On passait ensuite au programme qui était
prévu initialement.
Il
y a une constance dans ces Xp, peut-on parler de concept ?
C'est
un travail qui pourrait s'appeler de " l'homorythmie
", ce sont toujours des patterns qui sont divisées
en deux valeurs égales, l'une courte et l'autre longue,
et les Xp sont des cycles de valeurs longues et de valeurs
courtes attribuées à des patterns de batterie
ou de notes. Il y a aussi un travail mélodique sur
les signatures tonales qui sont des groupes de notes uniques
à telle ou telle tonalité.
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Venons-en
à l'autre disque, on perçoit l'influence des musiques
du monde dans votre musique. Est-ce important pour vous d'inclure
ces mélodies ?
Tout d'abord, ce n'est pas quelque chose de préméditée,
ce n'est pas un choix artistique de partir d'une mélodie
d'une région. Avant tout, je pense que toute les musiques
viennent des musiques populaires et c'est pour cela que j'y suis
attachées. On peut s'en rendre compte en écoutant
des compositeurs modernes, Bartok, Stravinky
ou même
Arnold Schönberg qui pensait que sa musique dodécaphonique
pourrait être chantée dans la rue, c'était sans
doute très utopique, mais son grand rêve était
que son système musical devienne un jour de la musique populaire.
Mais je pense effectivement que toutes les musiques populaires sont
le vivier de toute expression musicale. Même dans le jazz,
puisqu'il vient du blues qui est une musique populaire.
Votre
musique est moins ludique que sur votre précédent
CD, a quoi est due cette nouvelle orientation ?
C'est naturel et le prochain disque aboutira sur des choses qui
ne sont pas définies sur celui-là. Le prochain disque
de Xp sera plus abouti. La plus grande partie du temps, un musicien
est appelé à travailler la musique et son instrument
; à chaque fois qu'on enregistre un disque, on propose à
l'auditeur de découvrir où l'on en est de ses idées
musicales.
Vous
jouez aussi davantage de flûte.
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