Il
faut chérir les artistes qui ne se cachent pas derrière
une image synthétique. Hubert Mounier fait partie de cette
ethnie ! Il est pure laine. Cent pour cent accroché à
la vie, cent pour cent naturel et capable dassumer tous les
combats perdus ou gagnés quil a livré. Revenant
pour la fête, débarrassé de ses angoisses et
des affres de la culture musicale qui le cloisonnaient dans un style,
la chenille sur-vitaminée sest transformée en
un joli papillon léger prêt au grand voyage. Rencontre
musicale très bédéphile.
Pouvez-vous
nous dire quel est le personnage de BD qui vous représente
le mieux aujourd'hui même à onze heures du matin ?
Je dirais Tintin ! J'ai le matin joyeux ! (rire)
Est-ce
plus facile d'être chanteur en l'an 2005 que d'être
groom ou amnésique en recherche de son passé ?
Il est plus facile d'être chanteur amnésique ! (rire)
Surtout pour pouvoir tourner une page et en griffonner une autre
totalement blanche.
Vous
dites de ce disque qu'il est vraiment le disque parfait, celui
que vous souhaitiez faire depuis longtemps !
Je m'approche avec ce disque de certaines envies que j'avais
pu entrevoir à l'époque de " Mobillis "
en 1993. D'ailleurs c'est pour ça que je me retrouvais
avec Dominique Blanc-Francart sur les mixes de l'album. Pour
arriver à une simplicité que j'espérais
à l'époque et qui passait par la dynamique du
groupe et mes besoins d'arranger toutes mes chansons au maximum
Si je n'avais pas un quatuor à corde j'étais
malheureux ! Alors que là j'ai pu constater qu'une chanson
comme Voyager léger se suffisait : piano-voix et pas
besoin d'en rajouter ! |
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Une
façon de vous guérir d'un syndrome Beatles ?
Il y a beaucoup de ça effectivement ! De toute façon
cela ne me quittera jamais ! Au-delà de ma passion pour les
Beatles, ma voix étant tellement large, occupant beaucoup
de place sur la bande, on peut supporter sans difficulté
qu'un orchestre vienne courir derrière moi sans avoir l'impression
d'être sur-gonflé.
Au
départ les chansons que vous aviez composées étaient
destinées à Coralie Clément ?
Certaines ! C'est surtout dû au fait que Benjamin Biolay m'avait
appelé à l'époque pour me demander si je n'avais
pas dans mes tiroirs deux ou trois chansons qui pouvaient coller
à son univers à elle. Cela m'a poussé à
écrire les textes de ses chansons car en général
je laisse mes musiques à l'état de projet mélodique
et harmonique. Coralie en a chanté quelques-unes mais je
pense qu'elle avait plus envie d'ambiance pop-rock. Finalement je
me suis retrouvé à les chanter pour moi.
Et
elles vous vont bien ?
Oui ! Mais ce qui est chouette pour moi c'est que je me contente
de la voix du bas et lui laisse la voix aiguë. Par exemple
dans " Le magicien d'Oz ", la partie refrain était
tellement plus jolie chantée par elle que par moi !
Le
titre Voyager léger signifie-t-il que vous avez épuré
musicalement tout ce qui vous encombrait ?
A l'heure où les machines ont pris une telle place, la performance
naturelle d'une bonne chanson c'est d'être jolie déshabillée.
C'était aussi une façon de dire à la nouvelle
chanson française que même un vieux peut faire une
chanson piano-voix sans rougir. Je suis à l'écoute
de ce qui se passe autour de moi ! Voir Vincent Delerm travailler
ce genre, c'est un défi que je ne me serais pas lancé
à son âge. Je suis très admiratif ! L'émulation
fonctionne. Pourquoi ne pourrais-je pas me débarrasser de
ce complexe de l'arrangement à la George Martin ?
Vos
textes sont aussi beaucoup plus incisifs et d'une manière
générale ils dégagent une sûreté
dans la rime ?
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