Fay Claassens et Ivan Paduart, 06/09/2003, Mons
( Belgique).
On ne le dira jamais assez mais la meilleure façon
dapprécier les qualités (et les défauts)
dun artiste reste encore de le voir sur scène. Cest-à-dire
sans machinerie, sans arrangements électroniques pour améliorer
ses performances vocales. Un chanteur, un micro, pas de churs
ni deffets spéciaux pour détourner lattention
du spectateur. Et la vedette sur scène le 6 septembre 2003,
à loccasion du Festival de Jazz de Mons, sappelait
Fay Claassens, invitée par le pianiste belge Ivan Paduart.
Une chanteuse au talent pur, chantant juste, sexprimant
sans crier (ce qui existe aussi en jazz), qui compense un manque
relatif de coffre par de la retenue et par une façon
assez personnelle de chanter en collant aux notes, sa voix étant
son instrument.
Uniquement accompagnée du piano d
Ivan Paduart , il faut lavoir entendue magnifier When we
were one de Johnny Griffin pour comprendre que lémotion
existe encore dans lart dinterpréter le jazz.
De telles reprises ou ladaptation concoctée par Ivan
Paduart d'Isabelle de Jacques Brel mériteraient de passer
en radio .
Ivan Paduart, en bon mélodiste, prouve
une fois de plus quil peut tout jouer : romantique ou swing,
en solo ou en sextet. Il est le véritable patron sur la
scène, celui par qui tout passe et cette qualité
donne lagréable impression que rien ne peut arriver,
sauf dagréables surprises . Souvent penché
sur son clavier comme pour mieux le ressentir, lécouter
résonner du voyage de ses mains dans le paysage des notes,
il engendre une harmonie musicale totalement en phase avec les
sonorités de la voix de Fay Claassen.
Le groupe est composé à la batterie
de Mimi Verderame, précis dans ses solos et attentif au
tempo en bon pro quil est , Philippe Arts à la basse
qui sait également manier le silence lors de ses chorus,
ajoutant ainsi une note supplémentaire à la gamme,
Gino Lattucca qui par son expérience dispense un son finement
ciselé et harmonieux de sa trompette. Enfin lautre
néerlandais du groupe, le saxophoniste Toon Roos, a livré
une excellente prestation et il serait certainement intéressant
de lentendre poussé dans ses derniers retranchements
dans un autre registre au répertoire plus hard.
Ce concert, organisé pour le Festival de
Jazz de Mons, est apparu comme une bouffée dair frais
dans leventail pourtant hétéroclite des groupes
de ce week end (signalons quand même la présence
de Ravi Coltrane et de Mark Turner ).
Un sextet à découvrir pour la qualité
des musiciens; le charme de Fay Claassen et sa façon transparente
et juste de chanter, ainsi que pour le choix du répertoire
sétalant de compositions de Bert Joris, à
Dizzy Gillespie ainsi quau désormais classique Lush
for life (de David Linx ) et qui fait partie intégrante
du répertoire de la chanteuse .
Etienne.
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