Fugees, 12/12/2005, Bercy.
Presque 10 ans que les Fugees n'avaient plus remis
les pieds en France. Leur reformation avait d'ailleurs fait jaser:
Lauryn Hill obligeant ses partenaires à l'appeler "Miss
Hill" et à quitter la scène quand elle chantait.
Un single médiocre accompagne la reformation, et avant
Paris, un concert poussif aux Transmusicales n'avait pas spécialement
préparé les journalistes à ce que le show
de Paris soit un grand événement musical. Et pourtant,
ce fut le cas.
Malgré une qualité sonore indigne,
rappelant des haut-parleurs de la gare Montparnasse plus que l'acoustique
de l'Opéra Garnier, les Fugees ont donné un spectacle
magistral.
Certes, Lauryn Hill est aussi souriante qu'un
parcmètre, mais sa coupe afro et son manteau en fourrure
blanche lui donnait une classe monstrueuse. Certes, Pras, le troisième
Fugees, n'a pas grande importance, le pic de sa prestation se
résumant à ânonner "one time" sur
le refrain de Killing Me Softly. Et certes, Wyclef qui s'entête
à faire des solos de guitare avec le volume de son ampli
sur 12, ce n'était pas forcément une bonne idée,
mais pour le reste, c'était magique.
3 choristes, des musiciens, et des tubes : non
seulement le trio reprend les succès d'autrefois (Fugee-La,
Ready or Not...) mais en plus, chacun y va de son solo: Lauryn
Hill chante Lost Ones et Ex-Factor, extrait de son album solo,
Wyclef enchaîne avec son tube 911,et une petite reprise
de Bob Marley très réussie (une très belle
voix ce Wyclef). Et surtout que d'énergie: Wyclef est surexcité,
visiblement content d'être là. Il quitte la scène
pour se balader dans les tribunes de Bercy (voir la tête
de la sécu débordée!), et reconnaissant le
rappeur Passi au passage (mais pas Didier Bourdon, pourtant présent
lui aussi. Etrange, non?), il le fait monter sur scène,
puis repart de plus belle, arrête les morceaux en plein
milieu pour redémarrer de plus belle après avoir
harangué en français et en créole la foule
en délire.
Plus de deux heures de spectacle total à
l'énergie communicative. Lauryn Hill chante toujours magnifiquement,
Wyclef est un showman exceptionnel. Les lumières se sont
rallumées, le public est prié de faire place nette,
mais les Fugees sont toujours sur scène, micros coupés,
à continuer de chanter. Sincèrement ravis d'être
de retour. Les reformations ont du bon, parfois.
Castor Troy.
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