Kid Loco est l'homme à tout faire de la musique française
: issu de la scène punk des années 80, il s'essaye
au reggae puis au hip hop avant d'entamer une carrière
de DJ et de producteur éclectique (avec des remixes pour
des artistes aussi antinomiques que Pulp, Stereolab, Mogwai ou
Talvin Singh). Avec l'album A grand love story publié en
1997, il entame une petite odyssée trip hop / easy listening,
où il révèle un talent particulier pour la
création d'ambiances précieuses et feutrées.
Le petit dernier, Kill your darlings, a été entièrement
composé avec deux guitares acoustiques, puis retravaillé
en studio avec deux interprètes à la voix langoureuse,
Tim Keegan (Departure Lounge) et Louise Quinn, sorte de clone
de Hope Sandoval (Mazzy Star). Le résultat s'avère
pourtant décevant.
L'album s'ouvre sur Cocaine Diana, ballade rock atmosphérique
et désenchantée, suivie par Lucy's talking (like
she owns the dead), chanson douce amère où le chant
vénéneux de Louise Quinn chatouille des nappes de
trombones et de clarinettes.
Mais l'intérêt s'effrite peu à peu, les morceaux
s'égrainant en un chapelet d'objets sonores confortables,
à la nonchalance quasi-soporifique quand elle n'est pas
d'une affectation irritante. C'est un album de producteur et il
en a tous les défauts : le son est tellement lisse que
les chansons s'en trouvent totalement désincarnées,
d'autant que les interprètes ne semblent jamais en mesure
de leur insuffler une vie propre.
Même le packaging provocateur et sexy de l'album est plutôt
incompréhensible si l'on en juge par la relative innocuité
des morceaux. Kid Loco, en dépit de son savoir-faire, nous
sert une soupe très contemporaine et sans aucune saveur,
qui n'a même pas pour elle le charme désuet des productions
easy listening des années 70, auxquelles elle se réfère
pourtant.
En dépit de sa platitude, ou peut-être grâce
à elle, Kill your darlings pourra servir d'agréable
tapisserie sonore aux amateurs d'ambiances décontractées.
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