Les yeux malicieux, attentifs, légèrement
retranchés derrière la partition, la tête souvent
penchée sur le clavier pour mieux embrasser les notes, le
sourire tendre, discret, heureuse de jouer la musique, sa musique;
telle apparaît Nathalie Loriers sur la pochette de son dernier
album : Tombouctou, ou au hasard des nombreux concerts qu'elle donne
depuis une dizaine d'années.
De formation classique et premier prix de jazz-harmonie au Conservatoire
de Bruxelles, la pianiste belge développe depuis ses premiers
albums une personnalité, une fluidité de jeu, une
harmonie de sons reconnaissables aux premiers accords.
Son professionnalisme, loin de toute concession à la facilité
se retrouve dans ses mélodies, dans le souffle et dans
l'âme de chacune de ses compositions.
Nathalie Loriers est une grande dame du jazz capable d'interpréter
des ballades avec sensibilité mais aussi de laisser exploser
son énergie dans des orchestrations que ne dénigreraient
pas des grands chefs comme Gil Evans ou Maria Schneider.
Tombouctou est la fusion de son trio habituel et d'un florilège
des meilleurs souffleurs belges actuels : Laurent Blondiau à
la trompette, Franck Vaganée au saxophone alto et Kurt
Van Herp au ténor.
Un album fort, suite de rares morceaux lents et de pièces
dont l'intensité et la rythmique implacable vous laissent
sans voix, tout heureux à l'instar des musiciens de vous
laisser diriger par la fougue de la pianiste.
Pourquoi Tombouctou ? Peut-être pour nous indiquer qu'elle
est capable d'aller au bout du monde, au bout de sa créativité
naturelle, de nous emmener dans l'univers de sa musique avec autant
de surprises que doit réserver la découverte de
Tombouctou ("le paradis" dans le livre de Paul Auster,
la porte au delà de laquelle tout devient possible ...)
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