Il y a du Serge Gainsbourg chez ce Benjamin Biolay, Négatif
est un ensemble de petites choses qui font d'un espoir une confirmation.
Tout transpire l'authentique made in France et le titre Chaise
à Tokyo en est l'une des plus belles preuves sans pour
cela être unique. On ressent le travail acharné qui
a été nécessaire pour son élaboration.
Ici tout sonne comme un concept album mis à l'envers.
La voix s'est affirmée, le style est ancien mais l'électronique
peut venir prendre place dans la ronde musicale car Benjamin Biolay
est bien quelqu'un de notre temps. son album sonne country avec
de vieilles guitares blues, cordes de vieilles bandes originales
de films du ciné-club, il traque le moindre détail
pour arrondir les angles et en faire des chemins pavés
vers le futur. Toujours sur un fil, il tisse, en grand auteur,
une toile géante où viennent s'emprisonner tous
les mots pour en faire des chansons comme cette Chère inconnue
si belle et si fragile à la fois. Aidé d'un sample
sur Little darlin' datant de 1928, Biolay aime se transformer
en magicien du son.
Plus sombre et angoissé que Rose Kennedy , Négatif
joue avec nos nerfs et nos croyances, avec l'histoire de la musique
française et s'en va mourir dans un coin, prolongé
par quelques soubresauts d'instrumentaux avant l'échappatoire
final. Chanteur adulé, compositeur inégalé,
producteur demandé et mari comblé, voilà
la recette magique pour faire un double album parfait bien loin
de tout ce que peuvent nous faire avaler les radios à longueur
de journée.
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