Jean-Louis Bergheaud dit Murat est certainement l'artiste le
plus naturel de notre paysage hexagonal. De Suicidez vous le peuple
est mort, son premier 45 tours à Lilith, double CD ou triple
vinyles. Intègre, possessif, doué, cet artiste crayonne,
rature et sèche sur la pierre son dernier bébé.
Lilith pourrait se comparer à une épure de sa personne,
plus dur que ses dernières productions, 23 titres amenés
sur un plateau sans rien à jeter. Janus moderne, Jean-Louis
se sépare sexuellement en deux corps distincts.
Le premier Lilith est masculin en diable. Riff de guitare sur
Les jours du jaguar, au Cri du Papillon orchestré rock
indépendant, Murat drague la gueuze dans des balloches
de province. Fred Jimenez (As Dragon) fait sonner sa Fender en
corrélation avec celle de Jean-Louis qui lui reste aboyeur
des mâles tourments. En accord avec ce principe que Lilith
est une lolita qu'un bon coup comme Murat se doit d'honorer de
sa semence, tous les musiciens qui l'accompagnent dans cette aventure
sont d'excellents rabatteurs de fesses fraîches. Le spermogramme
excellent de cette première galette fait tourner les têtes.
Son double féminin que l'on pourrait nommer Lilith 2 est
plus frivole et en robe légère. Elle cueille des
fleurs romantiques sur le dos du salaud froid du premier disque.
Se mettre aux anges, Le voleur de rhubarbe, Le consentement de
la lady, divinement arrangés par deux des Tindersticks,
font sonner les titres d'une chaleur dans l'entrepont.
On parle alors d'une beauté intérieure, dont on
n'a jamais douté en ce qui concerne l'auvergnat. L'Absence
de vraie vie, qui vient conclure ce paradoxal recoupement : homme-femme,
demande si le cur se brise ? Et bien, il faudra souvent
réécouter Lilith pour savoir si la Belle et la Bête
peuvent s'aimer d'amour tendre et rosse à la fois.
Jean Louis Murat en
interview.
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sur Jean Louis Murat.
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