Ils vous offrent l'absolution ! Raison de plus pour vous méfier.
Les Pilot To Gunner font en vérité bien peu de charité
chrétienne. Sur ce deuxième essai des quatre new
yorkais, on recense plus d'uppercuts sanglants que d'hosties dans
une paroisse.
Une rythmique martiale, des guitares bruitistes puisant leurs
trames sinusoïdales aux meilleures sources des années
90 (At The Drive In, notamment), et un vocaliste dont la candeur,
tour à tour crâneuse ou hésitante, convoque
aussi bien les nasillards californiens (Sum 41, Blink 182) que
les organes orfèvres de la powerpop anglaise (Idlewild).
Voilà qui nous donne un parfait équilibre entre
sacré et profane.
Un exercice de funambulisme qui devrait s'attirer la majorité
des suffrages de la fratrie rock alternatif. Au programme, pas
question de révolution, ni de rachat : le gang s'en tient
à une allégorie sonore schizophrène, en concordance
avec une ère où la quête de conformisme s'accompagne
inéluctablement de dissonances.
En se tenant fermement sur la ligne de démarcation qui
sépare les adeptes 100% arty et les péripatéticiennes
prêtes à tout pour bourrer leur van miteux d'euros
dollars, les Pilot To Gunner ont sûrement tout compris.
Car à l'heure où chacun est sommé de choisir
son camp, il n'y a plus guère que la posture du suisse
qui puisse garantir un minimum de tolérance. Neutres mais
conscients, ludiques mais observateurs, puérils mais torturés,
ces quatre cavaliers du purgatoire réconcilieront les puristes
et les chercheurs de bêtes étranges. Fosse commune
pour tout le monde !
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