Arno est un drôle de personnage. Mélangé
entre zéro et Zorro, il distille ses complaintes minimalistes
d'une voix emprunte d'enfance.
Pour ce nouvel opus 3 règles d'or et de houblon ont été
dictées pour donner un goût de bière à
la mixture. Tout d'abord : 'Toutes tes chansons en français
tu écriras'. Ce qui fut fait, malgré la présence
d'une reprise d'Abba sur le CD bonus, French bazar est un disque
de francophone sûr de son art.
Dès Chic et pas cher on retrouve notre Arno comme au premier
jour de TC Matic mais sans esbrouffe mélodique. Car la
seconde règle sur lequel l'artiste fut intransigeant est
'Sur les mélodies tu te concentreras'. La chanson Chanteur
de charme, commande destinée à Johnny à la
genèse de l'histoire, foudroie d'une simplicité
que notre rocker national n'aurait fait que corrompre.
A l'écoute de l'album, on pense aussitôt à
un air de piano bar dans un grand hôtel de luxe. Car c'est
ça avant tout le gros potentiel de cet originaire d'Ostende
c'est qu'il est pirate de luxe sans signe extérieur de
richesse. Lui seul peut chanter " Dieu n'est pas un DJ, c'est
une femme de ménage au chômage ".
Lui seul a des hallucinations sur la forme des cheveux de Mireille
Mathieu enfin lui seul peut diverger et digresser de ses bonbons
de famille à une profonde réflexion sur l'humanité
qui l'entoure. Voilà pour l'essentiel.
A non, la troisième prescription fut 'Tes morceaux quasi
seul tu produiras'. Pourquoi ? Car comme le dit Arno lui même
dans un french bordel rocailleux : " Le problème avec
les producteurs, c'est que tu leur donnes tes démos, et
qu'ils refont exactement la même chose ". Et il s'en
va dans un rire monumental s'abreuver à l'Archiduc car
il est le seul aristocrate belge qui se respecte.
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