Revoilà David Tétard. Enfin, depuis le temps que
ses grenouilles de fans attendent, il est là. La galette
est propre avec une jolie pochette de jambes féminines
voltigeant de façon floue dans une rue anonyme. Tout ce
que représente Tétard est dans ce visuel : la tendresse
d'une nudité au contact du bitume froid et dur.
A la première écoute, c'est encore meilleur que
ce que l'on pouvait espérer dans la suite logique d'une
carrière balbutiante. Il évite l'écueil d'une
production surabondante (ce qui fait généralement
ressortir les défauts) pour s'assurer sur ses qualités
guitare-basse-batterie en avant.
Pas de fioriture, dès Assis au bord de l'O c'est le même
batracien nageant dans les mêmes eaux : expéditif
(les titres ne dépassent pas 3, 30 minutes), jouissif (mélange
d'amplitude et de culture musicale anglo-saxonne), avec cette
griffe de plume ou les paroles sont toujours aussi justes évoquant
tour à tour la fin d'une carrière amoureuse dans
les bras d'une apache ou la détresse d'un corps au souffle
court.
Bien sûr, les petits esprits pourront rester sur une impression
de "boire ou de baiser" à la Miossec, mais c'est
dans une allitération toute "Gainsbourienne"
qu'il mue de sa lippe première. De quoi " T'arracher
les cheveux " et ses impressions de fanfare, en passant par
Je ne dirais pas nan !, le cur à l'ouvrage explose
dans ses grandes largeurs pour un travail bien fait.
Parfois doux amer sur ses duos folk, il reprend le collier là
où il l'avait laissé pour galoper dans le foin de
la nouvelle vague pop. Moins introspectif, d'une distance gracieuse
sur ses personnages il propose des salutations bien distinguées
électriques qui renouvellent le genre.
A écouter sans modération, en applaudissant des
dix doigts et à grands coups d'oreilles saturées
de tant de bonheur.
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