Rares sont les trombonistes qui tentent l'expérience en
solo, si plus est le musicien est une jeune femme, elle doit avoir
de sérieuses références derrière elle
pour traverser les méandres de l'industrie du disque.
Justement Sarah Morrow dispose d'un CV impressionnant acquis
au fil des rencontres, dont l'une des principales fut d'être
repérée par Ray Charles et de devenir la première
femme dans son band pour un an et demi de tournée tout
autour de la planète. Puis elle vint en Europe pour jouer
en compagnie de Dee Dee Bridgewater, se retrouva engagée
par le Duke Ellington Orchestra, participa à de nombreux
festivals et ouvrit les concerts de Ray Barretto, Chick Corea,
Birelli Lagrène
Ce nouvel album et troisième en solo a été
l'occasion pour elle de réunir quelques grands musiciens
américains vivant à Paris, c'est à dire Rhoda
Scott et son éternel orgue Hammond ainsi que le saxophoniste
texan Hal Singer. Ce trio est complété par les bassistes
Wayne Dockery ou Peter Giron et à la batterie Jeff Boudreaux
ou John Betsch dans un répertoire comprenant des instrumentaux
de Cole Porter, Nat Adderley, Monk
ainsi qu'une composition
de Sarah (qui en plus d'être musicienne est aussi professeur
de musique).
Les trois leaders donnent vivacité aux 10 pistes, l'orgue
de Rhoda est toujours aussi chaud et se fusionne à merveille
au trombone et au saxophone (Worksong) qui se répondent.
Cet enregistrement sent bon le plaisir de jouer en toute simplicité;
les ballades comme You're changed ou I got it bad and that ain't
good ( de Duke Ellington) sont de doux moments intimes où
Sarah et son instrument se font tendres pendant que les autres
musiciens tissent un tapis de velours.
Cette rencontre parisienne enregistrée en juin 2004 propose
54 minutes d'un jazz aussi intemporel qu'efficace, chacun des
solistes a suffisamment d'expérience pour y trouver sa
place pour le plus grand bien de la musique en s'adressant à
un public beaucoup plus large que les simples férus de
jazz. Un disque à découvrir et à savourer.
|