Zenzile, sûrement le groupe qui a réellement ouvert
la voie au dub en France, son meilleur représentant en
tous cas, ne s'essouffle pas. Depuis 1996, année de sa
formation (avec un passé musical plus hardcore pour chacun
des membres), le groupe a sorti trois albums et trois maxis (la
collection Zenzile meets
qui crédibilisa les participations,
les " clash " entre artistes et Zenzile).
Avec ce Modus vivendi, le quintet angevin se trouvait devant
un nouveau virage. Changement de label après les difficultés
économiques de Small Axe / Tripsichord, petit changement
de line-up (ce qui ne leur était pas arrivé depuis
leur début) avec l'arrivée d'Alex à la guitare
pour remplacer Scott. Bref avec ce visuel sombre, les ombres de
2 coqs prêts à en découdre avant un combat,
on était en droit de s'interroger sur l'angle musical qu'allait
prendre ce nouvel opus.
Et bien Zenzile uvre dans le prolongement. Le groupe continue
d'explorer les espaces sonores, de faire agir les silences et
porter en ébullition le minimalisme pour mieux souligner
ses instrumentations et ses arrangements. Quel meilleur exemple
que ce lancinant Mafate où quelques reverbes lointaines
annoncent délicatement l'arrivée de la flûte
céleste de Raggy. Envoûtant à souhait. Que
dire de Eolian blues où Vincent Ségal collabore
magistralement à cette tension électrique palpable
sur ce titre pourtant d'une légèreté insoupçonnée.
Les mêmes collaborateurs de toujours sont venus apporter
leur pierre à l'édifice avec bien sûr la dub
poetry de Jamika sur Up is a long way to go où cette guitare
saturée, déraillante puis claire et cette basse
ronde pousse le côté hardcore du combo.
Mais l'un des sommets de l'album est atteint avec Sir Jean, le
frontman du talentueux groupe lyonnais Meï Teï Shô,
sur Simple Lesson, remarquable. Une fois de plus, Zenzile joue
avec le chaud et le froid, le feu et la glace sur ce titre. Une
intro toute en douceur avec une flûte lointaine puis la
batterie claire qui lance la rythmique tranchante, une mélodie
somptueuse et légèrement en retrait à la
guitare puis la voix puissante de Jean qui vient poser ses textes
avec sa conviction si forte. Une guitare saturée et des
boucles infernales poussent la rage du chant pour retrouver le
calme ensuite. Une réalisation et des arrangements à
la hauteur d'une composition magistrale. C'est le cas sur ce morceau
et sur l'ensemble de l'album bien sûr qui contient en tout
12 perles.
Un disque encore majeur, encore sobre et puissant. Zenzile ne
surprend plus par son talent mais par sa faculté à
se renouveler, se démultiplier. On ne voit pas ce qui les
arrêterait et on s'en réjouit
En savoir plus
sur Zenzile.
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