Tandis qu'en France Sandrine Kiberlain fait du retro-Souchon,
pendant que Vanessa Paradis oublie son formidable album Atomic
Circus en compagnie des Little Rabbits pour se perdre dans un
cinéma médiocre, après la vague Carla Bruni,
voici à nouveau un exemple type pour nous prouver à
tous qu'il est important d'aimer les américains.
En 2003, Juliette Lewis actrice reconnue pour son coté
canaille et sa façon particulière d'imprimer la
pellicule photosensible avec sa bouille ado furieuse, décide
de bouleverser le rock n'roll actuel en formant son groupe : Juliette
& The Licks.
A 30 ans les révélations tombent parfois comme
des faims de non-rassasié. Et c'est inversement proportionnel
à une Courtney Love qu'elle se jette à corps perdu
dans une musique qui gratte les guitares et frappe les esprits.
Après un passage obligé dans diverses salles pour
se rôder, les voici donc ces quatre garçons et cette
fille si particulière, à sortir leur premier opus
You're speaking my language.
Avec une voix éraillée, cassée par un quota
de nicotine important, dans l'esprit d'une chanteuse soul furieuse
(notamment sur American boy) tout cela mêlé de riffs
puissants et guerriers, Juliette Lewis parle une langue similaire
à ce que peut faire Boss-Hog et son leader Christina Martinez.
Inspiré par les Talking Heads, Patti Smith et les Pretenders,
cet album rempli de splendides chansons furibardes où la
batterie frappe les fûts de tonnerre, ne pourra que se faire
aimer d'un public cherchant le naturel et le besoin de sortir
de ses gongs en compagnie d'une sorcière blanche. Surprenant
son auditoire par de vrais moments de calme au milieu de la tempête
comme sur This I know ou " By the heat of your light, ballade
éthérée magnifique, c'est sans retenue et
sans complexe qu'elle impose un style archi-connu mais tellement
jouissif qu'on ne va pas bouder le fait qu'une femme aussi douée
qu'elle décide de se l'approprier.
Le rock de Juliette est un exorcisme à toutes nos sales
manies d'aimer le fade et le consensuel.
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