Ironie du sort, la relève du rock français sera
belge ou ne sera pas.
Rebaptisé rock francophone par respect du plat pays, le
voilà revitalisé outre-quiévrain lorsqu'il
peine à se renouveler chez nous. Après Yel, (trio
guitare-basse-batterie énergisant), dont le deuxième
album (Intimes illusions) est une perle qui mériterait
plus de notoriété, c'est au tour de Jeronimo, atypique
rocker de Liège, de lancer son second pavé dans
la pataugeoire.
Jumeau désenchanté de Jérôme Minière,
Jeronimo livre sur 12h33 des historiettes cyniques scandées
par un phrasé rageur tendance hip-hop, soutenu par une
électro-pop imaginative.
Ses textes, faussement naïfs et vraiment narratifs, se découvrent
lentement, réservant à chaque nouvelle écoute
son lot de trouvailles. L'émotion y est plus généreuse
et se donne, toute entière, dès lors qu'on accepte
de se laisser porter.
Plus mélodieux que son prédécesseur (Un
monde sans moi), ce nouvel opus s'en démarque surtout
par sa diversité. On ne connaissait pas à Jeronimo
le talent qu'il prouve ici pour les balades suaves, où
son phrasé devient chant, où sa voix blanche et
sèche devient veloutée. Preuve d'une évolution
artistique, qui le verrait étoffer son répertoire
et donner naissance à de véritables tubes tout en
continuant de cultiver sa déviance, d'assumer ses choix
radicaux.
A n'en pas douter, il faudra dorénavant le compter parmi
nous, subir avec délectation cette sublime incruste sur
la scène rock française.
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