Romano, Sclavis, Texier. Les trois noms accolés claquent
comme un étendard, l'assurance d'une musique aux accents
libres et mélodiques, enracinée dans des terres
fertiles et profitant du grand air des sommets.
African Flashback est le troisième tome de leur aventure
collective. Et c'est une nouvelle fois un quatrième homme
qui sera le déclic, le photographe Guy Le Querrec. Il aura
ressorti de ses archives une série de photos africaines
prises entre 1969 et 1998 et les aura soumises au regard avisé
de ses amis musiciens. Chacun d'eux aura retenu les plus marquantes
et ce sera inspiré de ces contrastes en noir et blanc pour
composer leur musique et l'offrir en partage au trio.
Est-ce un serpent qui ondule discrètement sur Le long
du temps ? Est-ce la démarche d'un éléphant
qu'on entend sur Surreal politik (un clin d'il à
Charles Mingus) ou bien les cris apeurés d'un singe sur
African panther 69 ? On peut s'imaginer l'Afrique et son bestiaire
illustré, mais en feuilletant le somptueux livret qui accompagne
le CD. On se rend compte que l'homme est au centre des prises
de vue.
La musique, elle ne suggère plus qu'elle n'impose, chaque
musicien choisissant une ligne claire pour s'exprimer. Le bois
des arbres gigantesques pour la contrebasse, les courses effrénées
des animaux sauvages pour la batterie et l'eau énergique
des rapides ou les méandres des grands fleuves pour la
clarinette ou le soprano. Tout au long des titres, l'état
d'urgence se mêle à la sagesse, à l'apaisement.
Pas de musique africaine non, mais un jazz avec des rythmes chaloupés
ou tendus et une écriture d'orfèvre alliée
à des improvisateurs en toute liberté. Un grand
moment.
PS : A noter qu'il existe aussi une version en édition
limitée livre-disque avec davantage de photos.
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