Jean-Jacques avait sans doute pris à l'école l'option
harmonica à la place de la flûte traditionnelle et
depuis il n'a jamais quitté ce petit instrument facile
à transporter, qui lui a longtemps permis de glisser ses
fragiles notes bleues à côté des plus grands
de la chanson française. Pourtant depuis les années
90 il préfère travailler pour lui et enregistrer
des disques en solo avec ses amis qui lui sont toujours restés
fidèles.
C'est ainsi que pour son neuvième opus, il se fait accompagné
par Manu Galvin, le tandem Charlier Sourisse, Jean-Michel Charbonnel
ainsi qu'à plusieurs reprises par les chanteuses américaines
Michelle Shocked et Demi Evans.
La culture musicale de l'harmoniciste reste profondément
ancrée de l'autre côté de l'Atlantique et
il continue à sa manière d'honorer ce son afro-américain
né dans le delta du Mississippi. A ce titre il est incollable
sur le sujet et connaît dans les moindres détails
la vie de tous ces musiciens, les spécificités sonores
des différentes villes et à ce titre publit actuellement
un ouvrage sur Memphis (Memphis Blues, soul & rock n'roll
aux éditions du Chêne), qu'il a écrit en compagnie
de Sébastien Danchin, et qui pour lui est l'une des capitales
culturelles du XXème siècle. Elle permit à
de nombreuses stars de se faire connaître dans le monde
entier et de faire avancer la musique : Elvis Presley, BB King,
Otis Redding, Aretha Franklin
En deux cent pages vous en
saurez beaucoup plus sur cette ville grâce à l'apport
de nombreux documents originaux et cent vingt photos de Jérôme
de Perlinghi
Revenons sur ce nouveau disque de notre harmoniciste français
qui perpétue ce blues en provenance de l'Amérique
profonde, celle où l'on aime faire passer le feeling dans
les notes, et là nous sommes servis. Chacun des musiciens
est expert dans l'art de jouer et si vous connaissez et appréciez
ses précédentes réalisations vous serez ici
en terrain conquis et quand l'une des deux chanteuses prend le
micro c'est pour apporter un plus au répertoire composé
principalement de nouveaux morceaux écrits par Jean-Jacques
ou (et) ses musiciens, mais aussi du It's man's man's world qu'immortalisa
James Brown. Idée amusante pour la conclusion puisque les
complices ont réarrangé le chant de L'internationale
pour le colorer en blues et le résultat est intéressant.
Si vous avez besoin d'une bonne petite dose de blues pour réchauffer
votre vie, goûtez à ce Fragile qui aurait très
bien pu prendre le titre de délicat et profitez de la nouvelle
tournée pour aller applaudir Milteau et ses copains en
concert, vous ne regretterez pas votre soirée.
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