Ce qui arrive aujourd'hui aux quatre garçons de Blanc
est devenu plutôt rare dans le paysage musical français.
Si les petits labels aventureux foisonnent, s'assumant dans l'urgence
financière et dans la résignation à ne s'adresser
qu'à la marge, les gros préfèrent fabriquer
leurs propres stars (par les moyens qu'on sait) ou produire des
artistes confirmés, laissant aux autres le soin de dénicher
leur relève.
La courte histoire de Blanc ressemble donc déjà
à un petit conte de fées. Son album, Le long des
lignes, enregistré en quatre jours de studio dans les conditions
du live, puis mixé à la maison, tape dans l'oreille
de Capitol dans les jours suivant sa venue au monde des maquettes,
et voilà notre inconnu quatuor propulsé aux portes
d'une belle distribution
Rien d'étonnant, finalement, tant ce premier opus est
maîtrisé de bout en bout. Ecartelé entre une
pop lascive aux forts accents anglophiles et un électro-rock
plus inattendu, Le long des lignes étonne et détone.
Le timbre élégamment effacé de Stéphane
Crestani impose en douceur ses textes, poétiques et incarnés,
sur de puissantes errances sonores. L'orchestration épaisse
mais aérienne, jamais simpliste ni formatée, demeure
très efficace. Au percutant trio guitare / basse / batterie
s'ajoutent des claviers soyeux, pendant harmonique d'une voix
mélodieuse.
Les Aléas, ballade imparable, ouvre cet album sous les
meilleurs auspices avant que douze autres titres (mention spéciale
à Laisser-faire et à Tout se dévoile) n'empruntent
autant de sentiers sensibles et évanescents. S'y laisser
transporter est une expérience délicieuse
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