Il y a une sorte de fatalité qui règne sur les
vainqueurs de ce cruel show qu'est " A la recherche de la
nouvelle star ". Si les jurés semblent intègres
et sans langue de bois, s'il parait aussi acquis que les nouvelles
stars consacrées jouissent de plus de latitude que leurs
homologues star-académiciens. Pourtant, inénarrable
est le résultat : une excellente voix (Myriam Abel comme
Steeve Estatof), une présence scénique , bref, une
crédibilité que l'on n'hésite peu à
leur accorder.
Malgré cela, l'album fruit de leur collaboration avec
les producteurs mentors accouche toujours d'une souris, par trop
d'enracinement dans le carcan médiatique. Les professionnels
confirmés, conviés pour l'occasion, plombent une
personnalité qui s'épanouirait davantage en solitaire.
Axel Bauer et David Hallyday sur l'album de Steeve, Lara Fabian,
Jean-Félix Lalanne ou André Manoukian sur celui
de Myriam. Autant de noms clinquants qui n'ont pour seul effet
que d'étouffer les velléités d'un artiste
contraint à se mettre en sommeil.
Le rendu, c'est aujourd'hui un album lisse, un peu désincarné,
qui passe en revue la posture cliché de la chanteuse à
voix dans son intégralité, comme Steeve passait
au crible les poncifs de l'identité rock.
La ballade, le gospel, la soul, tout est là, dans un flux
parfaitement calibré et au gré d'un timbre sans
faille. C'est donc cela un album estampillé " nouvelle
star " : un bizutage orchestré d'artistes en devenir,
qui doit un disque à ses pairs comme on rembourse un crédit.
Le titre qui donne son nom à ce premier opus, La vie devant
toi, pourrait à cet égard être un hymne à
la standardisation (sur l'album de Steeve existait déjà
Ma vie devant toi ).
Une telle convergence pose les jalons d'une identité qui
ne s'embarrasse pas de genres musicaux. Une esthétique
transgenre, aux thématiques universelles et métaphores
recyclables, énuclée par nos attitudes de consommateurs
|