Après J'écoute en silence et le Ciel est la limite,
deux albums sans concession en forme de professions de foi, Nord
part à l'assaut de la France du rock, armé de certitudes
électriques très marquées. Ce troisième
album, Artiste domestique, le combo l';a voulu marginal.
Soudé autour de Stéphane Grangier, auteur-compositeur-interprête
au talent sombre et acide, Nord expose en onze pistes une épure
de rock à l'ancienne, d'une évidence imparable,
loin des codes de la vogue actuelle. A l'influence Noir Désir
qui fait le sel des fers de lance de leur génération,
ils opposent un son rétrofuturiste, plus noir que rageur,
plus désenchanté que polémique.
Entre Gérard Manset et Ange, Nord pratique l'autarcie
comme d'autres vendent leur âme. Le trio guitare-basse-batterie,
essence percutante, se voit rehaussé de claviers maladifs,
presque inquiétants. D'une cruauté abyssale, la
prose nihiliste de Stéphane Grangier répond avec
force aux lourds coups martelés par chaque morceau.
Ce retour aux sources à l'ambition maîtrisée,
insondable et magnétique, promet à ceux qui lui
prêteront attention une addiction étrange, entre
malaise et volupté. Du dépouillement morbide de
Silence aux effets de voix cybernétiques de On the road
again, rien ne s'enchaîne mais tout coule de source. Ne
reste qu'à s'y laisser abreuver, et goûter bientôt
aux douleurs pleines d'espoir du manque musical...
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