Voici donc le nouvel album de Joe Satriani, son 13ème
album, comportant 13 titres et faisant suite à son dernier
album Live qui aura permis de faire le point sur sa carrière
solo bien remplie. Notre héros de la six cordes était
aux prises avec des problèmes d'inspiration, comme le trahissait
ses derniers albums studios. Aussi, cette nouvelle galette était
attendue.
Super colossal, le titre d'ouverture annonce le pire :
un riff lourd échappé d'un groupe hard de troisième
zone, indigne du maître. Heureusement, Just like lightnin'
remet la pendule à l'heure : sur une rythmique rappelant
ZZ Top, Joe place riffs et chorus avant de glisser un développement
mélodique « Satrianesque »; un excellent
titre. Le troisième It's so good est mitigé : un
thème très West Coast où le touché
du guitariste ne sauve pas le morceau d'une certaine lourdeur
notamment sur les ponts et breaks. Ensuite Redshift riders
arrive et là nous retrouvons immédiatement le style,
la mélodie et un jeu de guitare digne de notre chauve talentueux.
Le cinquième morceau Ten words est intéressant
à plus d'un titre : on le croirait échappé
d'une B.O. de film. Ici, le jeu du guitariste se met légèrement
en retrait, à la disposition de la trame mélodique
simple mais superbe, rappelant que Satriani est l'un des rares
guitar-heroe à ne pas assommer son auditoire par de vaines
démonstrations techniques et à faire preuve
d'un réel talent de compositeur.
Déboule ensuite A cool new way, typiquement de
la veine de l'album The extremist (un de ses meilleurs, paru en
1992). Le titre est superbement interprété, la batterie
est moins lourde, et Joe décoche des solos riches et techniques.
One robot's dream, le 7ème morceau, semble sortir tout
droit des sessions de son album Engines of creation où
il tentait une fusion techno hard rock, à l'instar de Jeff
Beck . Pourtant, passé l'intro, le morceau ne décolle
pas vraiment.
The meaning of love est un peu comme une mauvaise resucée
progressive molle, sans grand intérêt si ce n'est
un travail remarquable sur le son de guitare. Made
of tears atténue un peu l'effet négatif laissé
sur le morceau précédent. Pourtant, il donne une
fâcheuse impression de déjà entendu dans l'oeuvre
de Satriani . Theme for a strange world suit, hélas sans
surprise, selon une formule bien établie : une bonne
mélodie puis différents chorus du maître,
sur une section rythmique pourtant très lourde, ce qui
devient gênant et inquiétant...
A love eternal, le slow de l'album, garde l'empreinte du guitariste
mais souffre d'une prévisibilité agaçante.
Enfin, en clôture de l'album, Crowd chant est une pochade
comme son titre l'indique dans laquelle les riffs du guitariste
sont repris en choeur par le staff, évoquant irrésistiblement
les grandes messes du hard des 70's. Un thème connu est
d'ailleurs glissé dans ce titre comme un clin d'oeil, à
vous de le trouver !
Depuis plusieurs années, le guitariste connaît
des problèmes d'inspiration et d'évolution. En effet,
sur cet album, on peut retenir trois ou quatre morceaux dans lesquels
Joe mêle habilement mélodie, technique et progression
intéressante de la composition.
A côté de cela, plusieurs compositions rappellent
la difficulté de se renouveler pour tout artiste. Joe se
laisse aller à des morceaux un peu trop faciles pour lui,
et sujets à des démonstrations techniques un peu
vaines. De plus, la section rythmique ne décolle que très
rarement, Satriani assurant toutes les basses et claviers (certainement
à tort), Jeff Campitelli et Simon Phillips se partageant
la batterie sans grand éclat. Néanmoins, Super colossal
reste recommandable pour qui ne connaît pas l'univers assez
large de Satriani, le plus célèbre des guitaristes
virtuoses en musique instrumentale hard et métal.
Pour les autres, cet album agréable mais surtout inégal
ne cachera pas la crise que traverse Joe Satriani qui semble en
surchauffe à tout vouloir maîtriser (composition,
guitares, claviers, basses, production, enchaînement des
albums, sessions du G3 ). Peut-être que des vacances tomberaient
à point nommé.
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plus sur Joe Satriani.
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