Camille est une artiste sans concession, donc forcément
quelque part elle agaçe. Elle remue la pulpe au fond de
la bouteille de la chanson française qui stagnait depuis
belle lurette. Cette chanteuse se paye le luxe de traduire de
manière fraîche et neuve (pour une française)
son univers, elle quitte les sentiers ra-battus du couplet-refrain
pour offrir au bout de seulement deux albums un live enregistré
dans un théâtre dans lequel jouent ses personnages
de la comédie humaine.
Prenant intégralement ses prestations du mois d'octobre
2005 et ne coupant rien même ses petites réflexions
à l'adresse du public, La jeune fille aux cheveux blancs
qui ouvre le bal fait comprendre immédiatement que sa voix
peut tout faire, passant du ton le plus cristallin jusqu'à
des bruits saugrenus, marque d'une pierre blanche la façon
d'aborder un simple concert pour en faire un spectacle tonique.
Revisitant les titres du Sac
des filles et du Fil
en compagnie d'un duo de farfelus passant de la basse aux choeurs,
du piano au body percussion jusqu'à la piste dix où
arrive un human beat-boxing dénommé Sly « The
Mic Buddah ». Camille traite sa Janine
de salope, la déclinant par trois fois sur cet opus, chante
à capella (et avec la peur au ventre) Vous
et part en vrille à notre plus grande surprise.
Dans la grande tradition des chanteuses solides (pas « solides »
dans le style de Lara Fabian mais plutôt d'Ella Fitzgerald)
mais tout à la fois douce, elle triture ses bases rythmiques
de manière ahurissante autour de chansons robustes aux
thèmes très crus comme Mon petit vieux
ou Ta douleur. On comprend mieux pourquoi l'entendre fait
du bien et qu'il est nécessaire de la voir monter sur scène
afin de se faire une idée du phénomène.
Un live de Camille n'est pas qu'une suite d'applaudissements
entres les chansons, on se doutait bien qu'il ne pouvait en être
ainsi avec cette péronnelle qui semble si sûre d'elle
dans sa tête, qu'elle en devient folle.
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plus sur Camille.
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