Deux musiciens de générations différentes,
Martial Solal a 79 ans cette année alors que Dave Douglas
est dans la quarantaine accomplie (il est né en 1962),
se rencontrent en toute intimité pour un duo inattendu.
Mais nos deux protagonistes partagent le même goût
du risque et apprécient les musiques escarpées,
en y réfléchissant un peu, leur association paraît
presque logique.
Le pianiste et le trompettiste s'offrent un dialogue complexe,
plus proche du Discours de la méthode de Descartes que
des Brèves de comptoir mais jamais l'auditeur ne se perd
dans ce labyrinthe des audaces non dépourvu d'émotion
et d'humour. Chaque musicien accepte les intuitions de l'autre
pour trouver un terrain d'entente, acceptant le compromis sans
arrière pensée. Tout est structuré à
merveille comme l'ordre des morceaux, trois compositions de l'occasion.
Si l'on entre de suite dans l'univers de Solal avec July Shower,
rythme tarabusté et harmonie audacieuse ou sur le superbe
For Suzannah où on le retrouve en solo au piano, Dave Douglas
nous donne le frisson sur Blues to Steve Lacy et joue sur les
sons avec l'utilisation de sourdines (Elk's club). Les quatre
morceaux qui clôturent l'album offrent des reprises sur
lesquelles les musiciens arrivent à nous étonner
et avouent leur passion du jazz.
Il en résulte au final un grand disque, une rencontre
amicale et intelligente.
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