De
passage au Flagey de Bruxelles, pour y présenter son dernier
album " le Voyage de Sahar ", le musicien tunisien Anouar
Brahem nous a accordé une interview. Opportunité exceptionnelle
d'évoquer son parcours, la musique traditionnelle et de mieux
comprendre les raisons du succès international de ce merveilleux
magicien du son, de la mélodie et du oud...
Que
répondez-vous lorsqu'on vous demande de définir votre
propre style musical ?
C'est toujours un peu difficile ! Et de plus il faut souvent se
méfier des étiquettes. Si je parle de mon instrument,
le Oud, on pense directement à la musique traditionnelle
arabe. Je dirai que je joue la musique que je compose, d'inspiration
contemporaine arabe.
Pensez-vous
avoir "inventé" un nouveau style ?
C'est un peu tôt pour le dire ! Mais quand je fais un
travail, j'essaie d'aller vers quelque chose qui n'existe
pas encore, vers un " ailleurs ". Je suis toujours
en prospection de nouvelles sonorités. Je suis toujours
étonné quand les spectateurs me disent reconnaître
mon style. Mais c'est leur vision des choses.
Dès
lors, pourriez-vous aller vers tout à fait autre chose
?
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Je me dis que
je pourrais mais j'ignore si j'ai envie de le faire. Pourtant, j'ai
déjà composé des chansons, des musiques de
film, et des musiques populaires. Mais il reste toujours quelque
chose de soi et c'est probablement cela qui est reconnaissable directement.
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Etes-vous
à l'image de votre musique aussi serein dans la vie
?
Pas vraiment car je suis plutôt anxieux. On dit que
ma musique est déstressante, et j'aimerais être
moi-même moins stressé.
Votre
propre musique vous calme t-elle ?
Pas vraiment ! Car je n'écoute jamais pratiquement
mes disques. C'est comme si on se regardait dans un miroir.
C'est un drôle de métier. Si je jouais la partition
de quelqu'un d'autre, ce serait différent. Avant de
monter en scène, j'ai le trac. Trop fort, cela me bloque.
Et trop peu, il y a comme un manque de concentration. Mais
quand vous avez le juste milieu et que cela marche, c'est
tout simplement extraordinaire !
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Improvisez-vous
beaucoup sur scène ?
Oui étonnamment alors que ma musique semble tellement écrite.
Mais cela reste très important de laisser des plages d'improvisations
aux musiciens et à moi-même. C'est cela qui différencie
les concerts les uns des autres.
Comment
exprimez-vous vos colères ?
Suite
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