
Erick
de Armas vous venez de sortir votre premier album en Belgique, produit
de main de maitre par le chanteur David Linx. Mais votre parcours
est original. Animateur à la télévision cubaine
pendant de nombreuses années, ensuite médecin, lexil
politique en Belgique et aujourd'hui vos premiers pas dans le jazz.
Comment
êtes-vous arrivés à la télévision
cubaine ?
Ma mère soccupait de théâtre dans
mon école et un programmateur de la télévision
était à la recherche de nouveaux projets pour
son émission, il est passé dans mon école
en 1972 et jai été remarqué comme
animateur. Bien sûr, je nétais pas payé
mais cette notoriété a changé ma vie
de petit enfant cubain.
En
quoi ?
Je
signais des autographes (rires !) Concrètement (et
cela peut faire sourire) javais reçu une chemise
et un pantalon que personne ne possédait.
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Quand on sait
que le programme de distribution nationale donnait à chaque
enfant une chemise, un slip par an, tous les mêmes pour tout
le monde. Jétais un des seuls à posséder
autre chose et croyez bien que pour un enfant cubain cétait
le top.
Que
faisiez-vous à la télévision ?
Des animations, des mimes, je chantais des chants patriotiques et
interprètais des poèmes que ma mère écrivait
(tous à la gloire de Castro). Je chantais même en russe.
Pour nous, cétait normal car nous étions baignés
dans la littérature et la musique de lEst .
Vous
rendiez-vous compte que vous faisiez de la propagande ?
Non, jétais au contraire très fier de ce que
je chantais. On croyait tous à Castro à ce moment
là. Mes parents étaient très engagés.
Nous nétions pas du tout au courant de ce qui se passait
dans le monde et bien sûr, on nentendait jamais parler
dopposition au régime. Notre presse était cubaine
ou soviétique. Ce n est que plus tard lorsque les journaux
soviétiques ont commencé à parler de la Glasnost
quon a compris quil se passait quelque chose.
Mais ils ont été vite interdits et on pouvait aller
en prison si on possédait un de ces journaux.
Paradoxalement face au courant qui se levait, tous ceux qui avaient
reçus quelque chose de la révolution (exemple une
machine à laver) ne voulaient surtout rien savoir.
Comment
était le régime à cette époque ?
La révolution cubaine a tout dabord privatisé
les biens des cubains. Ainsi mon père possédait
un garage et un jour, on lui a dit Voila ce nest
plus à toi mais au peuple. Le Socialisme soccupait
de tout, et pour obtenir quelque chose, il fallait être
un bon cubain. On recevait des points quon pouvait échanger
contre des biens matériels, exemple : pour assister au
discours de Castro ou à des manifestations politiques,
ou pour être ponctuel au travail, ou pour les dimanche
rouges,( un dimanche par mois de travail obligatoire et bien
sûr non rémunéré). |
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Malgré
cette pseudo-égalité, tout nétait que
jalousie et suspicion entre les habitants. Certains dénonçaient
au pouvoir ceux qui en faisaient trop ou pas assez . Et cest
ainsi que le régime assurait son pouvoir et la mainmise sur
la population .
Comment
êtes-vous passés de la télévision à
la médecine ?
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