Ray
Barretto était de passage en Belgique pour un concert à
La Louvière le 15 mai 2004, organisé par le T.M.Club,
une association d'amateurs de oldies, de soul et de music pop-corn.
Le célèbre percussionniste avant de se livrer à
son art ( et ravir les 500 membres du Club, tous heureux de voir
en chair et en os une de leur idole musicale) a accepté de
répondre à nos questions sans complaisance mais avec
la sincérité d'un artiste qui fête ses 50 ans
de carrière. Un grand moment d'humilité !
Vous
êtes né en 1929 à New-York dans une famille
portoricaine. Votre père quitta le domicile conjugal
quand vous aviez 4 ans et votre mère pour survivre
dû apprendre l'anglais. C'est ainsi que vous restiez
souvent avec vos frères à la maison et que vous
écoutiez les Big Band qui passaient à la radio
à cette époque.
C'est exact. Ces grands orchestres étaient en quelque
sorte nos baby-sitters. Ce fut mon premier contact avec Count
Basie et Duke Ellington. Enfin en vérité avec
leurs disques.
Vous
vous engagez dans l'armée US à 17 ans et vous
vous retrouvez en Europe à Munich. Et c'est votre première
révélation pour le jazz, notamment avec le Club
Orlando. En quoi ce club fut-il important pour vous ?
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L'armée
pratiquait la ségrégation. J'étais dans une
unité blanche et le Club Orlando était exclusivement
destiné aux soldats noirs. Ce fut ma première prise
de conscience du racisme. Beaucoup de musiciens blancs venaient
du sud et ils n'aimaient aucun New-Yorkais et encore moins un latino.
Je suis quand même entré au Club Orlando et j'y ai
découvert des musiciens européens qui jouaient avec
des soldats noirs, musiciens de jazz. J'ai compris ce qu'était
la vraie vie !
C'est grâce aux musiciens européens (et à leur
ouverture d'esprit) que j'ai pris goût au jazz, notamment
grâce au vibraphoniste belge Sadi (avec qui je suis resté
très ami).
Vous
retournez ensuite aux States et décidez d'acheter des congas
et de participer à différentes jam'sessions. Qui rencontrez-vous
comme musiciens ?
Des stars comme Lou Donaldson, Max Roach, Donald Byrd et même
pendant deux semaines Charlie Parker.
Que
vous ont apporté ces grands musiciens ?
(rire) Ah, c'était comme d'être au paradis et de parler
avec Dieu !
Qu'avez-vous
l'impression de leur avoir apporté avec vos origines portoricaines
?
Je pense simplement l'amour et l'enthousiasme et ils se sont rendus
compte de qui j'étais, que j'étais sincère
dans ce que je ressentais.
Les
percussions étaient-elles importantes pour ces musiciens
?
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