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Pour
moi tout langage est imaginaire, il n'est que prétexte
à chanter. On l'oublie souvent quand il s'agit de
notre langue maternelle car il est trop emprunt de grammaire,
de culture, d'histoire. Le français peut être
colorié en d'autres couleurs que le bleu, le blanc
et le rouge.
Vous
dites que vous avez appris pour désapprendre qu'est
ce que cela signifie ?
Toute éducation doit donner des outils critiques
pour s'en libérer, pour déstructurer ses principes,
se les approprier, voire les désapprendre. Je pense
que le rôle d'un artiste est d'assimiler les règles
pour jouer avec et en inventer d'autres.
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Ce
chanteur diphonique que vous avez rencontré vous a-t-il
fait prendre confiance dans les modulations de votre voix ?
J'ai eu un rapport très bref avec ce chanteur. mais ce
sont parfois les rapports brefs qui sont les plus intéressants.
Il m'a fait prendre conscience de la variété des
harmoniques que l'on peut obtenir avec une seule note. Mais j'ai
encore beaucoup de travail.
On
pourrait presque toucher le sable d'Afrique avec cette façon
de chanter ?
Une Afrique imaginaire alors.
Est-ce
la collaboration avec Magic Malik qui se fait ressentir ?
Le morceau Senza est inspiré d'une improvisation de Malik.
Cependant sa musique est trop métissée voire constellée
pour être qualifiée d'africaine. Disons que j'aime
sa démarche iconoclaste, mélange de minimalisme
et de psychédélisme, de musique populaire et de
musique expérimentale.
Qu'est
ce que cette guitare à l'élastique dont joue
Sebastien Martel sur votre album ?
Il faut le voir pour comprendre ! Sébastien tend
une élastique en travers de ses cordes et joue avec
et ça fait un bruit bizarre !
Contrairement
à votre premier album, celui-ci explore une voie
bien particulière sans éclater les genres
?
Je pense que cet album explore les genres comme le premier
mais plutôt que de les explorer dans une esthétique
de patchwork, il cherche à les lier, à les
mélanger, à les faire se correspondre.
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Est-ce
que le disque Médulla de Bjork vous a inspiré ?
Non ! j'ai appris sa sortie et son concept alors que je mixais
le mien ! Je trouve intéressant que la voix et le corps
soient au centre des préoccupations de cette artiste passionnante.
Je pense que nous sommes dans une société tertiarisée
où l'on a besoin de se réapproprier le corps, soit
en le transformant, soit en tant que seule matière brute
à laquelle on ait accès ! Bjork célèbre
la voix en invitant d'autres chanteurs et fait intervenir l'informatique
comme transformateur créatif du son. Personnellement, je
cherche à explorer ma voix, dans sa multiplicité
et dans son organicité. Mon corps est mon ordinateur.
Comment
allez-vous faire pour chanter sur scène toutes "vos
voix" qui sont déclinées sur l'album ?
Vous verrez en venant au concert !
Camille sur
Zicline :
- Le fil.
- Le sac des filles.
Le site de
Camille.
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