Les
musiciens de jazz expriment régulièrement leur angoisse
d'aliéner leur liberté en travaillant avec des majors
eu égard à la pression du marketing. Vous êtes
sur une major. Qu'en pensez-vous ?
Pour moi, ce n'est pas un problème car la seule façon
d'agir est de jouer ce que je ressens. Et si le label m'en empêchait,
je ne continuerais pas avec lui. Je travaille avec un qui soutient
la création artistique en me laissant réaliser ce
dont j'ai envie. Je ne ressens donc pas cette impression dont
vous parlez. J'aurais pu reproduire dans mon deuxième album
les ingrédients du succès du premier mais je ne
le souhaitais pas. Deux ans se sont écoulés entre
eux et donc tout a déjà changé. Mon seul
credo est de jouer ce que je ressens.
La
France vous a découvert grâce à votre
clip qui passait en boucle entre un yaourt et du savon. Cela
vous a permis de vendre plus de 100.000 albums tout en étant
inconnu au départ. Que diriez-vous d'un autre artiste
qui débuterait sa carrière d'une façon
aussi commerciale ?
Je ne peux l'expliquer et c'était une grosse surprise
et un honneur qu'une grande compagnie comme France 2 m'ait
choisi en tant que vedette de l'été. Ce sont
eux qui sont venus me trouver. Chaque année, ils en
élisent une et l'année précédente,
c'était Norah Jones. Pour moi, c'était d'autant
plus excitant qu'ils s'adressaient à un artiste au
début de sa carrière. |
|
Est-il
difficile de résister à l'envie de recommencer ce
qui a marché, quitte à faire moins bien ?
Au niveau du marketing, il eut été très facile
de le faire mais je ne le voulais pas. C'est pour cela que j'ai
introduit dans le second album, des nouveaux éléments
de blues, de pop et des styles absents dans le premier. Bien sûr,
il y avait une crainte de la part des producteurs du disque qui
n'aiment pas s'écarter d'un grand succès mais ça
c'est leur boulot. Moi, le mien c'est d'être musicien et
de réaliser tout ce qui est en rapport avec la musique.
Me demander comment les gens vont réagir au nouvel album
est la dernière chose à laquelle je veux penser.
Je souhaite effacer tous ces problèmes de marketing de
mon esprit car ils risquent de m'éloigner de la création.
On revient donc toujours à la musique et à mon envie
de faire ce que je désire.
Comment
faites-vous à 22 ans pour ne pas avoir la grosse tête
?
Il faut se souvenir d'où on vient et pourquoi on est là.
Je connais certaines personnes qui ont attrapé cette grosse
tête et je compte sur mes proches pour me ramener à
la réalité si cela devait se produire. Mais je suis
toujours imprégné de ma musique et cela me laisse
les pieds bien sur terre. Je me rends compte de tout ce qui me
reste encore à apprendre dans la musique et tout cela me
laisse en mouvement. Des artistes comme Billy Joel, Oscar Peterson
m'impressionnent énormément et à leur contact,
je mesure combien ma route est encore longue et aussi à
quel point, je peux me laisser influencer dans le bon sens du
terme.
Risque
t-on un jour de vous entendre dans un style de jazz totalement
différent ?
Suite
|