Etienne
Daho a tous les charmes. Il est doué pour la musique, il
est beau gosse, il est intelligent. Il se trouve toujours au bon
endroit au bon moment, en parfaite harmonie avec son époque.
Cet éternel jeune homme échange des points de vue
avec d'anciennes gloires (Brigitte Fontaine, Dani,
) qu'il
remet avec brio sur le devant de la scène où de
jeunes artistes " hypes " (Michel Gondry, William Orbit,
Ginger All) n'attendent que lui pour éclore. Toujours à
l'écoute de l'air du temps, il revient cette année
avec un album au teint nouveau, au rythme chatoyant et à
l'ambiguïté maligne.
Alors
Etienne, après une résurrection faut-il s'attaquer
à une 'Réévolution' ?
Il faut toujours " réserecter " avant de "
réévolutioner ", c'est la règle d'or
mon cher monsieur ! (rire)
C'est
quelque chose qui revient souvent chez toi cette 'Légèreté'
?
Je la trouve importante, cela n'a pas toujours été
le cas (rire). C'est une sensation que j'aime bien, c'est
sûrement une réponse à mon âme
tourmentée.
Cet
album marque aussi un tournant, avec notamment, deux auteurs
qui viennent te prêter main forte au niveau d'une
chanson ?
Effectivement, c'est la première fois que je chante
une chanson de quelqu'un d'autre sur l'un de mes albums.
Jacques Duvall et Frédéric Momont m'ont envoyé
ce texte et cette musique qui s'intitulait : 'Le Jour et
la Nuit'. C'est une chanson que j'ai tout de suite beaucoup
aimée, je tenais absolument à la chanter car
même si eux n'en étaient pas conscients, c'était
un joli cadeau qu'ils me faisaient.
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Musicalement,
après avoir posé ta voix en avant sur ton dernier
album : Corps et armes, tu n'as plus peur de mettre de la musique
bruyante et moins pop ?
Au moment du mixage, je trouvais qu'il n'y avait pas assez de
voix. Je me suis battu (amicalement) avec le mixeur car il était
horrifié. Il n'arrêtait pas de me dire que le niveau
de voix était énorme ! Je me souviens de ses "
On entend que ça, on n'entend plus rien d'autre ".
C'est
paradoxal avec ton parcours de chanteur ?
Oui pendant des années j'ai lutté pour le contraire,
afin que ma voix soit en retrait; l'influence de la pop anglaise
sans doute
où la voix est très dedans. Pour
moi, elle devait faire partie d'un ensemble. Jusqu'à il
y a peu de temps je trouvais que la voix mise en avant faisait
plus variété que pop.
D'ailleurs
l'album a un côté "oldies" dans sa manière
d'être enregistré ?
On l'a enregistré à Gang avec des bécanes
vintages, à l'ancienne. On a tout enregistré en
une semaine. Si tu écoutes bien tu verras que l'album donne
quelque chose de très chaud.
Hommage
aussi à l'ancienne génération cinématographique
avec Alfred Hitchcock et son 'Fenêtre sur cour' que tu traduis
par un 'Vis à Vis' voyeur ?
La première chose à propos de cette chanson c'est
que nous sommes dans une société de concierge et
que tout le monde se regarde, s'épie. Je trouvais que c'était
assez comique de prendre James Stewart avec son plâtre et
son télé-objectif pour décrire cet état
de fait. Ma deuxième idée c'était de raconter
l'histoire de quelqu'un qui regarde une personne qu'il trouve
belle et que cette femme ignore ce désir qu'elle fait naître.
Car la plus belle des beautés est la beauté qui
s'ignore.
C'est
aussi une manière de parler de ces persiennes entrouvertes
sur le non-dit qui colle à ton personnage ? Par exemple
'Le Jour et la Nuit' est d'une ambiguïté habile !
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