En 1993 j'avais
peur de m'étioler. J'en ai eu marre. Entre 81 et 93 je
ne me suis pas arrêté un seul instant, tout d'un
coup j'en ai eu ma claque. J'étais dans un système
qui commençait vraiment à me faire chier. Mon planning
était prêt deux ans à l'avance, en plus il
était préparé par d'autres. Alors, sans prévenir
j'ai pris un appartement à Londres et je suis parti tout
seul. Sans béquille, célibataire. Après on
me l'a fait payé par une rumeur idiote.
Seulement
là, bouffée d'oxygène ! tu apprécies
non seulement la vie à Londres mais tu sors un 6 titres
'Réserection' avec Saint-Etienne pour faire la nique à
ce système ?
Je ne savais pas trop si j'allais rechanter. J'étais déçu
parce que je comprenais comment le système fonctionnait.
Je n'avais plus mes rêves de petit garçon. J'étais
désappointé. Pas de mon métier, mais du métier
en général. Je voyais qu'on entrait dans une ère
de marketing. En Angleterre j'ai rencontré Brian Eno, Dave
Stewart et plein d'autres gens. Il n'y avait pas ce cloisonnement
qui est très présent en France : Le monde du rap
avec le monde du rap, le monde du rock avec celui du rock
Ils m'ont vraiment aidé à m'en sortir. Du coup pour
le montrer, j'ai eu l'idée de faire ce Saint Etienne en
martyre avec l'image de réserection et du bien bander (rire).
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Tu
sembles fonctionner beaucoup par doublon en ce qui concerne
tes albums : St Etienne Daho et Eden, Corps et Armes et
Réévolution ?
Pop Satory aussi colle bien avec Eden. Il y avait la même
envie de faire quelque chose de fluide.
Tu
n'hésites pas non plus à te lancer dans des
interprétations difficiles comme ce 'Sur mon Coup'
qui est tirée d'une nouvelle de Jean Genet ?
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C'est la chanson
la plus facile à interpréter de tout mon répertoire
! Contrairement à ce que l'on pourrait croire elle est
très fluide à chanter. Mes propres chansons sont
toujours composées en mineur et arrangées en majeur,
une espèce de truc difficile à comprendre pour quelqu'un
d'autre que moi (rire) Je le dis car tous les gens qui se sont
collés à mes chansons s'en sont mordus les doigts.
'Sur
Mon Coup' je l'ai aussi intégré à mon tour
de chant pour transmettre cet auteur, c'est bien de renvoyer l'ascenseur
aux gens qui vous ont poussés et construits. Prendre le
clairon de ma petite renommée pour faire office de passeur.
Finalement
Ce n'est pas trop difficile de devenir une icône "
pop " intouchable ?
C'est quelque chose qui me fait peur. Je vois l'attitude des gens,
tout d'un coup, il n'y a pas si longtemps que ça, il y
a un respect indéboulonnable qui s'est installé
envers moi. Une sorte d'excitation quand je sors un projet, un
truc touchant et confortable finalement.
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