
Goran
Bregovic n'est pas une star. Un musicien tout au plus qui marie
ses traditions à une exploration futuriste dans la musique
actuelle. C'est surtout et avant tout un faiseur de miracles pelliculaires,
car avec lui, les films qu'il honore de sa musique prennent une
autre dimension. Goran Bregovic qui après avoir sorti deux
compilations de ses prestations filmographiques et un album original
au doux nom de Tales and Songs From Weddings and Funerals, sillonne
le monde entier avec son orchestre et ses musiques qui donnent autant
envie de rire que de pleurer.
Finalement,
appeler votre orchestre " Orchestre des Mariages et des Enterrements
" c'est une belle manière de résumer l'ambiguïté
de la condition humaine ?
Vous savez, je viens d'un endroit où la vie et la mort ne
sont pas aussi éloignées qu'on peut le penser dans
d'autres pays occidentaux. Mes musiciens lorsqu'il ne sont pas avec
moi, jouent dans des villages aussi bien des mariages que des enterrements.
Ils perpétuent cette tradition.
Comment
se fait-il que la musique tzigane soit la seule capable de faire
rire et pleurer à la fois ?
Dans la
religion orthodoxe, lors d'un enterrement, vous jouez la musique
préférée du défunt. Cette musique
peut se révéler être joyeuse, une façon
d'accélérer les sentiments. Elle peut être
parfois dansante ou parfois plus complexe.
Passer
d'icône rock à compositeur classique respectable
en quelques années, est-ce quelque chose de facile
à vivre ?
La transition n'est pas si simple, il n'y a pas de coupure
entres les deux images. Le punk et le mélodiste que
je suis devenu plus tard, sont liés très étroitement.
J'ai fait la même chose toute ma vie. Le rock'n'roll
que j'ai fait pendant ma jeunesse trouvait son but dans le
fait de vouloir donner un habillage moderne à ma musique,
aujourd'hui je ne fais plus ça car je préfère
faire des uvres dites " naturelles " mais
l'homme derrière reste le même. Il y a juste
l'habillage qui s'est modifié.
|
|
Est-ce
que le fait d'avoir tout réussi, que ce soit dans le rock
ou dans la musique de films ou les compositions dites liturgiques,
ne vous donne pas l'impression de perdre la peur de l'échec
qui est nécessaire à un artiste ?
Non. Les multiples casseroles, de différentes tailles, que
j'ai pu fabriquer résultaient d'une envie de concevoir ma
vie. C'est la manière dont j'imaginais une vie contemporaine,
tout au moins la mienne. Aujourd'hui je ne pense plus en terme de
carrière mais en terme de musique. Je sais que cela peut
paraître bateau mais je suis vraiment sincère dans
ce que je vous dis là !"
Qu'est
ce qui différencie la musique de cinéma de celle du
théâtre ?
Le cinéma est plus stressant. Surtout par cette notion d'avoir
ou ne pas avoir de succès, qui peut s'avérer très
castrateur pour moi
ainsi que le réalisateur et les
acteurs je suppose.
En
quoi, l'exil dont vous avez été la victime, a modifié
votre perception du monde qui vous entoure ?
Suite
|