Une
légende vivante.
Peter
Alan Greenbaum est né le 29 octobre 1946 dans l'East End
de Londres, 2 ans avant que ses parents décident de raccourcir
leur nom en Green. A l'âge de 10 ans, il se lance dans la
guitare en autodidacte (bien qu'il y eut déjà des
musiciens dans sa famille), à 15 ans il quitte l'école
pour devenir apprenti boucher (pendant 2 ans il découpe
les carcasses, amusant pour un futur végétarien
!).
Parallèlement,
il se passionne pour la basse et démarre sa carrière
comme bassiste dans différentes formations locales comme
Bobby Dennis And The Dominoes, les Tridents ou les Muskrats, avant
de revenir à la lead guitare.
Il enregistre
pour la première fois un single en février 1966
avec les Peter B's (Looners), le groupe de l'organiste Peter Bardens
(Them, Camel) et du batteur Mick Fleetwood. Après un court
séjour dans Shotgun Express (Peter B's + Rod Stewart),
il remplace en juillet 1966 Eric Clapton au sein des Bluesbreakers
de John Mayall aux cotés de John McVie à la basse
et de Aynsley Dunbar à la batterie.
Lorsque
les Bluesbreakers débarquent en studio pour enregistrer
" A Hard Road ", les techniciens sont surpris de
ne pas voir Clapton, mais Mayall leur répond simplement
qu'il a trouvé un meilleur guitariste (Peter Green
avait déjà remplacé Clapton lors de concerts
londoniens lorsque celui-ci était parti en Grèce). |
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Commercialement
et artistiquement " A Hard Road " est une réussite
comparable au précédent album des Bluesbreakers
et Peter Green y révèle d'exceptionnels talents
de guitariste, dans un registre différent de " God
", moins flamboyant mais d'une fluidité incomparable,
avec, en plus, chez Peter, un sens de la mélodie, de la
composition et du chant que ne possédera jamais Clapton.
Il n'y eut d'ailleurs pas de réelle rivalité entre
eux deux.
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En
juillet 1967, il fonde Fleetwood Mac (au départ : Peter
Green's Fleetwood Mac Blues Band) avec Mick Fleetwood, le
guitariste Jeremy Spencer et le bassiste Bob Brunning, (vite
remplacé par John McVie). Le premier album va connaître
un succès énorme, rentrant dans le Top 5 anglais,
chose rare pour un disque purement blues. |
Au fur et
à mesure des albums et des singles, Fleetwood Mac, sous
l'impulsion de Peter, va s'éloigner de son idiome de base
pour créer son style propre tout en enchaînant les
succès écrits par son guitariste :" Black Magic
Woman ", " Stop Messin' Round ", " Albatross
" (n°1), " Man Of The World ", " Green
Manalishi ", " Rattlesnake Shake " et " Oh
Well ", qui lance le groupe aux USA.
En mai 1970,
alors que le groupe tourne à plein régime avec trois
guitaristes (Danny Kirwan, Spencer et Green), Peter Green, dépressif,
décide de se retirer. Il sort quand même un album
solo, " End Of The Game ", qui est en fait une longue
jam, dont seul le premier morceau est digne d'intérêt.
Les choses vont aller de mal en pis lorsqu'il débarque,
armé d'un fusil, chez ses avocats pour leur intimer l'ordre
de ne plus jamais lui verser d'argent. Il ne veut plus toucher
de royalties et il tire dans le plafond.
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Suite
à ces événements, il est interné
dans une prison/asile où il est bourré de divers
médicaments qui ont pour effet de l'abrutir et de le
faire grossir. Apres des années de silence pendant
lesquelles il passera deux mois dans un kibboutz et travaillera,
entre autres, comme fossoyeur, il reprend sa guitare et enregistre
de nouveau en 1977. |
A cette époque,
à la demande de Mick Fleetwood, après " Rumours
", Warner propose un contrat de 1 million de dollars à
Peter Green, mais, au dernier moment, celui-ci le refusera, en
dénonçant l'aspect satanique de cet argent qui rendrait
sa musique vénale ".
In The Skies
", magnifique album, sortira donc en 1979 chez Créole.
Il constitue un groupe et s'engage dans une série de tournées
entre 81 et 84, dont une date à Paris le 11 décembre
1982 au Palace. Pendant ce laps de temps, il grave sous son nom
quatre autres albums : "Little Dreamer ", " Watcha
Gonna Do ? ", " Blue Guitar ", " White Sky
".
Déçu
par l'attitude des autres musiciens, à son goût
trop préoccupés par les problèmes financiers,
et repris par ses vieux démons mystico-médicamenteux,
il abandonne de nouveau le devant de la scène et s'enfonce
dans une longue période dépressive dont il ressort
au milieu des années 90 avec le Splinter Group. |
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Revenu à
ses premières amours, le blues, il semble s'être
débarrassé d'une grande partie de ses tourments
et réalise coup sur coup quelques albums très remarqués
en Angleterre, surtout son hommage à Robert Johnson et
un double live du plus bel effet.
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Qu'attendre
d'un concert de Peter Green et du Splinter Group : tout. Peut-être
un mauvais soir où il se désintéressera
du spectacle et laissera tout faire à Nigel Watson,
peut-être un soir de grâce où il se laissera
emporté par son immense talent et son doigté
magique. |
Mais pour
sur, il se passera quelque chose et c'est bien là l'essence
même du rock ou du blues, loin de ces trop nombreux concerts
banalisés et formatés par avance.
Dernier album en date Hot
Food Powder paru en avril 2000 (Snapper/Wagram).
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