Un peu des deux
! La musique est quelque chose de sérieux mais pas forcément
de grave. Car ce nest que de la musique et il est bon de relativiser
les choses. Jai acquis cette relation avec elle quand, jeune,
jétudiais le violoncelle la journée et que le
soir jaccompagnais mes frères avec leur orchestre dans
les bals.
On est heureux sur scène et on est là pour communiquer
cette joie. Il faut parfois apprendre à rire de soi et ne
pas se sentir toujours sérieux ou investi dune mission
comme cela peut arriver parfois dans le jazz. Certains morceaux
demandent plus de gravité que dautres, mais cela nempêche
pas la générosité . Je pense être inconsciemment
conscient dêtre dans cet état desprit et
de partager ma joie .
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Vous
êtes finalement plus musicien que jazzman !
Oui et je le prend comme un compliment. Jai du mal avec
cette étiquette de jazz (même si cest sous
ce nom quon trouve mes albums en magasin). Le jazz cest
toute une histoire de peuples, de douleurs qui sont dans les
traces du passé. Il est américain au départ,
très politique dans ses origines. Ensuite, nous européens,
nous nous sommes appropriés cette musique magnifique.
Je ne sais pas très bien si je joue du jazz mais il est
certain que je suis un passionné de musiques et quil
n'y a pas que le jazz dans ma vie. |
On
vous dit doué naturellement ?
Je crois avoir ce quon appelle loreille absolue. Cest
cette faculté de discerner les notes. Depuis ma plus tendre
enfance, jai toujours aimé décortiquer chaque
morceau de musique, mettre une suite analogique sur un morceau de
batterie ou de basse. Impossible pour moi autrefois de ne pas le
faire. Mais cela nempêche pas le travail, beaucoup de
travail même. Jécoute assez peu en voyage, cest
plutôt chez moi que je prends le temps découter
musiques et chansons. Car parfois la chanson cest aussi 3
minutes 40 de bonheur.
Parlons
de la chanson. Vous avez beaucoup flirté avec la variété
( Michel Jonasz, Catherine Lara .... ) . Que signifie pour vous
être au service de la chanson et pas du chanteur ?
Je naime pas le dédain que le jazz peut avoir pour
la chanson. Largent nest un critère ni de qualité
ni de médiocrité .
Chaque artiste connu ou peu cache parfois un être qui va exploser
dans son art ou qui étonnera lors dun changement complet
de registre. Le commercial sera underground et le kitsch sortira
un tube.
Il y a trois façons daccompagner un chanteur sur scène
: la première, alimentaire parce quil faut vivre. La
deuxième en jouant de façon discrète en regrettant
que la lumière des projecteurs soit pour la vedette et pas
pour soi. Enfin en se mettant au service de la chanson et en donnant
ce quon a de meilleur pour quelle soit belle, pour la
magnifier par sa présence et pas simplement pour plaire au
chanteur.
Les
musiciens de variété avaient-ils conscience
que vous veniez de la planète jazz ?
Pas toujours mais cela nétait pas important.
De plus, je me suis toujours tres bien adapté aux changements
de styles. Lécole du bal reste la meilleure.
Pourriez-vous
encore accompagner aujourd'hui des chanteurs de variété
?
Ce serait différent mais pourquoi pas. Jamais je nai
voulu être à leur place et de plus on ma
toujours encouragé à jouer ma propre musique.
Cest simplement le doute qui fait quon attend
avant de se lancer. Javais pris un grand risque en sortant
mon premier disque en solo car il fallait ensuite lassumer
dans les concerts. Cétait le début et
il y a beaucoup de dédain dans le métier. Il
faut apprendre à être dur.
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Qui
réussit le mieux dans le métier : le meilleur ou celui
qui se vend le mieux ?
Suite
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