'L'amour
fol' est un album qu'on pourrait qualifier de chromatique ?
Pourquoi pas !
Mais
également pourrait-il être comparé à
un type de peinture abstraite ?
Ca colle assez bien avec ce que nous sommes et avec cet album.
D'ailleurs
cette comparaison n'est pas anodine, Tanger a trouvé son
nom grâce à Matisse ?
C'est
devant un tableau qui s'appelle Fenêtre sur Tanger que
le groupe s'est formé. Le nom Tanger avait déjà
une résonance particulière dans ma mémoire.
C'était un nom qui n'était pas anodin, toute
la beat-génération était allée
là-bas, il y avait aussi la traite des blanches, ce
mot avait pas mal de souffre autour de lui et cela me plaisait.
Puis je l'ai pris d'affection parce qu'il ressemble à
un verbe du premier groupe et qu'il y a le mot ange au milieu.
Il y a plein de raisons mais la raison principale est le lieu
enflammé et ce point de passage entre l'Orient et l'Occident.
L'amour
fol participe à ce charme ?
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Comme pour le
tableau, le but est d'essayer de retranscrire le moment particulier
de la journée où la nuit arrive mais n'a pas encore
pris son ascension
Ce moment de flottement qu'on peut appeler
" Entre chien et loup ", ou " Mezzanine ", je
trouve que c'est un moment propice à plein de choses : chanter,
boire un verre avec des amis, faire l'amour, et c'est ce moment
là qui m'intéresse le plus. C'est celui où
l'on travaille le plus avec le groupe.
Pourquoi
ce titre ?
Un peu par jeu : pour taquiner André Breton qui a écrit
'L'amour fou' et un peu parce qu'il a fallu une bonne dose d'amour
totale pour finir cet album. Pendant l'enregistrement qui a duré
18 mois, nos vies ont été malmenées, il y a
eu des maladies, des décès. Il a fallu un gros paquet
d'amour pour conclure ces 10 titres.
En
démarrant par Botox planétaire, vous essayez
de nous désintoxiquer du son Tanger ?
C'est une chanson qui a une volonté de dater l'ouvrage
dans son époque, ici et maintenant. C'est une chanson
occidentale, trentenaire, blanc, un peu malade de vivre dans
cette époque. Le Botox est une sorte d'emblème.
Est-ce
un album maladif ?
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C'est une façon
de marquer le coup et de dire que ça se passe ici et maintenant
! Faire une sorte de panorama du XXème siècle dont
on est tous issus. On a changé de siècle mais on a
l'impression que c'est le précédent qui se pérennise
dans ses catastrophes et son désenchantement. C'était
partir d'un panorama général pour aller dans le 'Télépostcardiogramme'
et rentrer dans l'intime.
Le
Petit soldat est votre manière de parler de cette connerie
qu'est la guerre ?
Oui c'était surtout parce que la guerre, malgré le
fait que je sois né en 1966 et que je ne l'ai jamais faite,
est omniprésente dans mon entourage. Dès 11 ans c'était
la guerre du Vietnam et depuis cela ne s'est jamais arrêté.
En même temps, je suis un garçon, on m'a très
vite mis dans les mains des objets avec lequel on joue à
la guerre. J'ai l'impression qu'il y a une fabrique du mal et du
mâle qui n'est pas innocente.
Dans
cette chanson vous citez Jacques Vacher comme étant votre
héros préféré ?
Suite.
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