Se
renouveler après vingt ans d'exercice sans jamais faire le
saut de l'ange dans le vide, c'est ce qu'arrivent à très
bien faire les Têtes Raides. Avec " Fragile " il
est à nouveau question de l'univers de ce groupe. Suite des
précédents et avenir tout à la fois ! Rameutant
la bande de copains sur le disque, c'est à coup sûr
en potes qu'ils investiront les salles de France et de Navarre.
En
2003 vous aviez fait beaucoup de dates au Bataclan avec plein
d'invités. Etait-ce une manière de remettre
de l'émulation entre vous ?
L'émulation existe sur tous nos albums et dans tous
les concerts depuis le début. Notre groupe a toujours
laissé la porte ouverte aux rencontres. Les fenêtres
aussi ! Par contre c'est du double vitrage pour avoir parfois
un peu de quiétude ! Permet moi d'avoir cette prétention
de dire que nous invitons à notre bonne table les bons
copains qui sont à la fois ceux que nous connaissons
depuis longtemps et ceux que nous croisons à l'apéro.
Votre
disque précédent s'appelait " Qu'est-ce
qu'on se fait chier ", mais finalement pas au point d'arrêter
de faire de la musique ?
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Nous nous sommes
bien marrés avec ce titre qui doit être pris comme
une simple rigolade. Ca fait vingt ans que nous nous faisons chier
(rire ) ! Quand tu vois les choses dans leur déroulement,
c'est à dire cet album, le Live qui s'en est suivi et "
Fragile " maintenant, tout va quelque part. Même si parfois
nous ne savons pas d'où viennent les idées nous savons
par contre où elles vont.
Sur
le Live, il n'y avait " que " douze chansons ?
C'est bien ça ! Non ? Nous avons enregistré un concert
en une prise. En voulant ne garder que les morceaux électriques.
Nous désirions cette énergie qui symbolisait nos débuts
tout en la densifiant. La froideur actuelle demandait un réchauffement.
Avant
que Fragile ne démarre musicalement parlant, il y a cette
phrase qui est annoncée en piste 1 : " Je préfère
les gens qui ne me comprennent pas ". Est-ce que le but des
Têtes Raides est de faire apprécier leur musique à
ceux qui en sont encore réfractaires ?
Il n'y a pas vraiment de symbolique à la présence
de cette phrase, juste de laisser libre court à l'interprétation
de l'auditeur. La fonction de cette phrase c'est d'être prise
à un degré différent à chaque fois que
tu la passes. C'est ce qui nous caractérise : jongler avec
les moments et les états ! Par contre l'album est forcément
coloré et en fonction de tes couleurs à toi, tu t'investis
davantage dans certains titres selon les desiderata de ta vie. La
couleur c'est ton histoire. Les gens prennent ce qui les intéresse
et en font ce qu'ils veulent.
Vous
avez cette faculté de dire des choses sans en faire des leçons
de morale ?
Disons que ce n'est pas le propos. Il y a des métiers pour
ça. Nous ne sommes pas des pédagogues. Nous essayons
de parler de la responsabilité des gens plutôt que
d'évoquer leurs bêtises.
Où
est passé l'accordéon ?
Alors ça, ce n'est vraiment pas important ! En fait l'accordéon
en temps que tel existe et existera toujours au sein du groupe.
Sur certains morceaux nous en avions mais au moment de les fixer
nous les avons enlevés pour la justesse dans la globalité.
Mais je te rassure, le troisième poumon est toujours là.
Chez nous il n'y a pas de règle ou seulement celle d'aller
au bout de la chanson.
Pour
la co-réalisation de l'album vous avez demandé l'aide
de Denis Barthes (batteur de Noir Désir )?
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