Gravenhurst et Espers, 05/03/2006, Café
de la Danse.
On retrouve ce soir au Café de la Danse
celui qu'on peut aisément surnommer 'le premier de la classe
du rock indé' : Nick Talbot, alias Gravenhurst.
Avec son dernier album Fire in Distant Buildings,
ce songwriter originaire de Bristol, au look d'informaticien mormon,
a invoqué mieux que quiconque le fantôme de Slint,
groupe fondamental, auteur de l'album-manifeste du post-rock Spiderland.
Le tour de force de Talbot aura été de coupler aux
mélodies décharnées de Slint son talent de
chanteur folk et sa voix hantée.
Avant Gravenhurst, le public, impatient, écoute
la musique sombre et intemporelle de Espers, communauté
hippie de Philadelphie, qui délivre 4 ou 5 chansons de
près de 10 minutes, tissées d'arpèges de
guitares folk et de solos électriques, mais qui peinent
à emballer, tant la monotonie surplombe les efforts des
musiciens.
Pour transcrire la violence de son dernier opus,
Talbot s'est adjoint les services dévoués d'un batteur
déguingandé et d'un bassiste au charisme d'une mouche.
Dès la première note de Down River, ouverture du
concert et aussi de l'album, difficile de détourner les
yeux de la figure de Nick Talbot, guitariste d'une rare élégance,
qui crée de ses 10 doigts des moments de grâce, comme
savent le faire Stephen Malkmus ou David Pajo (Papa M).
Pour cette dernière date de la tournée,
le groupe est à son paroxysme de cohésion, et ce
concert assez court ne souffrira d'aucune perte de vitesse, contrairement
au concert donné l'hiver dernier au Triptyque.
Pour Velvet Cell, single alliant classe et rage
nirvanesque, le public, chaleureux et attentif, toujours plus
nombreux à chaque venue du groupe, se presse vers la scène,
pour goûter la tension palpable dans la salle, et assister
au déploiement de tout ce que la formation power-trio permet
en terme de liberté et de puissance. On se souvient alors
de Hendrix, enfin libre au milieu de son Band of Gypsys.
Pour le dernier quart d'heure, Talbot reste seul
sur scène, armé d'une Telecaster, et devant un parterre
de fans en communion, il retourne à son folk aux accents
traditionnels. Il présente une chanson 'horrible' de l'
'adorable' groupe Husker Du. Il s'agit de Diane, racontant un
viol du point de vue du violeur, chantée de façon
si tendre que le trouble est à son comble.
Le concert est fini, on reste bluffés par
tant d'efficacité, de classe et de rage contenue. Et s'il
repassait demain, on y retournerait. Viva Gravenhurst !
Julien.
|