Hyperclean, 18/06/2005, Dunkerque.
Hyperclean met le feu aux 4 Ecluses.
Dunkerque, son port, ses moules, sa pollution.
Ville qui donne envie dy croire. Des gueules de gagnants
et un décorum digne de Cécil B délocalisé.
On est un peu dans une zone de non-droit, sans frontière,
avec quelques plombiers polonais qui se sont déjà
installés dans les environs de Calais et un groupe de musique
qui vient tout exploser sur son passage.
Les 4 écluses : la salle, se trouve près
dune écluse, pour trouver cest commode, surtout
quil n'y a pas beaucoup de public mais comme ne le disait
pas ladage car il ne sortait pas en son temps et restait
scotché sur les chorégraphies de Kamel Dridi : moins
on est de fou plus on peut bouger.
Et nous voilà en compagnie dune première
partie vite oubliée par 3 bières Stella-Artois pour
enclencher le turbo avec le combo délire de cette année
que je vous conseille daller voir à Dunkerque ou
Saint-Tropez (le cadre est peut être plus approprié)
: Hyperclean.
Leur leitmotiv : faire chanter les Beatles pour
nous pauvres cons à lusine de la vie de province.
Et dès la première chanson cest magique, envoûtant,
on prend le plis. On sait quil se passe quelque chose mais
sans savoir bien quoi. Frederic Jean, le chanteur et leader, exhorte
la foule à sapprocher, à toucher le ciel,
à manger ses paroles dans un non-sens absurde volant bien
au dessus de la nouvelle chanson française ramollie du
bulbe. Fil de fer qui tournerait en toupie, dervich-tourneur de
nos désirs sexualisés.
Soudain, vers la troisième chanson du set,
au moment où lon commence à faire chauffer
la colle au plafond, retentit une alarme qui nous prit de vite
évacuer la salle. Pendant un temps, on peut simaginer
que cest encore un énième rebondissement de
balle de mousse prévu par le groupe, mais non : la réalité
vient de nous attraper à la gorge. Dunkerque devient Bagdad.
La situation est catastrophique. Les sorties de
secours sont fermées à clefs et lon sent monter
lodeur de la mort. Heureusement, un homme de bien montre
la voix à suivre. Philippe me pousse à lair
libre. Dehors le printemps devient presque lété,
la saison est belle, fraîche, caressante. Alors avant dentendre
des « remboursés », avant que lon casse
la vanne de lenceinte incriminé, les 5 fantastiques
du groupuscule prennent une décision sévère.
« Continuons donc le tour de chants dans la rue ».
Et cest unplugged quils prennent dassaut la
nuit étoilée.
Avec bière et chips à volonté,
bouteille de ketchup en micro et sans artifice (à peine
une petite loupiote rouge qui, la salope, était blanche
immaculée sous sa jupe friponne de pute en rut) quils
remontent sur une scène improvisée faite de macadam.
A la manière dune arène improvisée
ils descendent vers nous et débutent par nous trouver un
pistolet pour tuer la fin de lhiver. La chanson Sortez dehors
trouve tout son sens. Les filles deviennent cochonnes, les hommes
simprovisent homosexuels, nous sommes tous bien à
nous faire fouetter par le p(r)écheur Jean, et fait extraordinaire
: nous assistons à quelque chose de rare.
Les sirènes de pompier nous font craindre
le pire, la police veut intervenir mais il est trop tard. Cest
Mai 68 en Juin 2005. Sous le pavé la plage de lusine
atomique. Hyperclean vient de conquérir le monde. On crie,
on hurle de bonheur tels des loups non-sevrés qui en réclament
encore. Ils ont beau nous demander de fermer nos gueules, on tire
loreille, on prend loseille et un moment danthologie
sur ce port de Dunkerque appelle à nous revoir pour un
concert électrifié cette fois
très
bientôt
en Belgique ?
Pierre.
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