Il y a deux sortes de Springsteen qui peuvent fleurir dans la
poussière, soit le premier qui croit en compagnie de son
terreau universel quest le E Street Band dans un milieu
quon appelle stades gigantesques, ou alors le second qui
est le Bruce "nature et découverte", seul à
la guitare sèche quon aperçoit bien souvent
dans des clubs ou des salles de petites envergures.
Avec Devil and dust, cest dans le second pot quon
ira puiser un engrais des plus fertiles. Bourlinguant son verbe
prolétaire et ses tableaux de lAmérique profonde,
Bruce Springsteen quitte la panoplie du sauveur du monde post-11
septembre de The
rising, son précédent opus qui avait mis de
la lumière dans les ténèbres en compagnie
de son groupe fétiche, pour revenir à ses amours
dun soir quétaient les albums Nebraska et Ghost
of the Tom Joad, tous deux particulièrement minimalistes
et épurés.
Ce diable dhomme gardant le même producteur que pour
ses super-productions (Brendan OBrien) doit autant son salut
au Rock'nRoll Hall of Fame qu'à la précieuse
captation de décors : Reno, de personnages : Marias
bedet de son fantastique sens de la mélodie comme sur :
Leah.
Accompagné dune guitare slide, de sa choriste de
cur Patti Scialfa et des Nashville String Machine à
la batterie cest tout un pan de la culture américaine
qui resurgit à nos yeux. Celle de Fante, de Faulkner, celle
des raisins de la colère. Plus proche de Dylan version
acoustique que des méga-productions hollywoodiennes, cet
album comptera comme un très beau moment musical.
Accentuant la recherche vocal sur quelques titres où lon
entendrait presque une voix dadolescent, Springsteen offre
en plus un DVD bonus reprenant 5 titres immortalisés en
vidéo, ainsi que lensemble de lalbum avec les
paroles qui saffichent pour un karaoké délire
ou simplement pour comprendre quil ny a quun
Boss et quil est impossible de suivre le rythme de ce quinquagénaire
dans la force de lâge.
En
savoir plus sur Bruce Springsteen.
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