Je ne voulais
pas faire de folklore, je voulais faire des compositions originales
en patois, avoir une véritable démarche de création.
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Il
y a dans votre musique un dépaysement total et en même
temps une proximité géographique
mon
décalage vient de là aussi, je cherchais finalement
très loin des choses qui étaient près
de chez moi et auxquelles je n'apportais pas de valeur. C'est
en venant faire mes études à Paris et en rencontrant
d'autres cultures que j'ai eu cette prise de conscience, surtout
cette envie de mettre de l'ordre dans les choses que je voulais
conserver. Une forte envie de trouver mon identité
pour s'apercevoir qu'on ne trouve jamais ce qu'on cherche
et cette déception est toujours là. Je cherche
toujours quelque chose de romanesque, de romantique, et la
réalité qu'on trouve est tout autre. |
Vous
avez reçu un don des fées pour leur rendre ainsi
hommage ?
"Le
Creux des Fées" est un lieu qui existe, un lieu-dit
où se racontent pleins de légendes.
En Suisse, le disque est sorti en deux volets, l'un avec les morceaux
qui vont vers le dépouillement, et le second avec les remix.
Dans le premier, un vieil homme vient raconter une de ces fables
mythologiques, le titre s'est imposé comme un évidence.
En France, les morceaux sortent sur un même disque et la
réunification est pour moi une symbolique très,
très forte.
Comment
s'est faite la rencontre avec Hector Zazou et Gabriel Yacoub ?
Ce sont encore de très jolies histoires. Pour Hector Zazou,
nous avons un ami en commun et un jour, je suis allée le
voir en concert à Montreux. Après le spectacle,
nous sommes allés manger avec les musiciens et Hector m'a
regardée dans les yeux et m'a dit : " J'aimerais entendre
une chanson en patois ". Maintenant ? Tout de suite ? Devant
une table remplie de musiciens ? Et j'ai chanté ! (rires)
On s'est ensuite retrouvé pour travailler ensemble, il
a joué un rôle de mentor. Il m'a à la fois
poussée à l'indépendance et en même
temps, il a été très présent pour
des conseils, pour le son, il a été très
rassurant. L'idée d'enregistrer dans une église
vient aussi de cette rencontre, puisque après l'épisode
de Montreux, je suis partie en tournée comme invitée
pour chanter quelques titres pour son spectacle "Light in
the dark", qui se jouait dans des églises en Italie.
Pour Gabriel, c'est une autre histoire, quelqu'un était
prévu pour chanter "Brave soldat", il s'est désisté
au dernier moment. Il ne me serait pas venu à l'idée
d'appeler Gabriel. Pour moi, c'est un feu mythique, c'est toute
une époque, c'est une voix que j'avais dans ma chair, à
fleur de peau. Mais comme on était dans l'urgence, je l'ai
appelé, il a été adorable. La seule condition
qu'il a fixée était que le projet lui plaise. Il
est venu, on a chanté, j'avais la chair de poule, c'était
un moment très fort.
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Qui
a choisi les artistes pour les remixes ?
C'est
moi !
Un
coup de cur plus qu'un choix de production ?
J'avais
tellement porté ce "Creux des fées",
qu'à partir d'un moment, il fallait que je me libère
en donnant les bandes . C'est un processus qui a été
assez long. Le premier remix avec Nils Peter Molvær
date d'il y a un an et demi, il sera bientôt disponible
sur mon site internet.
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Ce sont des
artistes que je suis allée rencontrer pendant des concerts,
je ne voulais pas de remix version DJ. J'ai cherché des
gens vers lesquels je me sentais attirée avec comme envie
qu'ils soient de l'Europe du Nord. C'est dans ces régions
que se développe tout un mouvement électro-jazz
avec des grooves volcaniques. C'est vraiment un travail mûrement
réfléchi et une idée de mouvement que vous
avez ici, le résultat d'une série d'étapes
et de travaux qui font qu'au bout du compte, les remix ne sont
pas dus au hasard et que le lien existe bien avec les chansons.
Une
Suisse, des Anglais, un Norvégien, des Islandais, des Français
Est-ce la nouvelle musique européenne ?
Suite.
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