Furia Sound Festival, 24 au
26/06/2005, Cergy Pontoise.
Vendredi 24 juin.
Un seul mot : canicule. C'est une chaleur étouffante
qui nous accueille sur le site de la base de loisirs de Cergy
en cette fin du mois de juin. Après être allé
récupérer nos pass nominatifs (il y a même
notre photo dessus!), on pénètre sur le site. Les
scènes sont relativement proches, mais le lieu étant
très accidenté, les pentes permettent de casser
le son, et ainsi les concerts ne se chevauchent pas. Le festival
s'ouvre sur du reggae, celui de Jackson Thélémaque,
qui joue sur la scène près de l'entrée. Un
concert d'accueil en somme, assez sympathique.
Mais la première sensation du festival,
c'est sans conteste le show des Blérots de Ravel.
Déjà assommés par la chaleur, on reprend
un coup sur la tête avec ce grand concert d'ouverture. Il
y a déjà beaucoup de monde, et leur rock manouche
enflamme la fosse. Le jeu de scène des Blérots est
excellent, à l'image de la touche de rugby simulée
et au ralenti qui laisse seul le batteur sur scène. Une
fraicheur telle qu'on oublie que le soleil nous tape dessus. La
communion avec le public est très bonne. On ne pouvait
rêver mieux pour démarrer ce Furia Festival, et les
Blérots nous offrent en cadeau d'adieu un duo avec les
Ogres de Barback vraiment super. Pas si Blérots que ça
en fin de compte !
A peine le concert terminé, je dois me
précipiter sur une autre scène, heureusement juste
à côté, pour ne rien rater de Flogging
Molly, groupe de punk irlandais venu des Etats-Unis, et que
j'avais découvert au Rock en Seine l'année dernière.
Le concert est déjà commencé. Une fois arrivé,
on le sait tout de suite : ça va déchirer ! A peine
les riffs punk sont-ils lancés que le violon démarre
et nous propulse directement en plein Dublin. Que c'est bon de
les retrouver. Leur musique est toujours aussi entraînante,
à tel point que l'on voit se former ça et là
des chenilles, tout le monde se tenant par la main. Du bon son,
un bon public, un bon début de festival.
On se dirige ensuite vers la scène principale
pour écouter Chumbawamba acoustic. Ce groupe anglais
de punk anarchiste dans les années 80, devenu ensuite un
incontournable des dance-floors dans les années 90, revient
en ce début de troisième millénaire en version
acoustique très minimaliste, à savoir deux guitares
sèches et un accordéon, pour ne proposer que des
compositions ainsi que des reprises, mais en version " chorale
" anglaise. C'est sympathique, mais il n'y a pas grand monde
pour les écouter. Il faut dire qu'ils sont très
statiques et n'ont pas forcément leur place dans un festival
aussi mouvementé que le Furia. Néanmoins, le concert
est agréable car souffle un petit vent frais qui rend le
public plus prompt à se poser par terre pour écouter.
Un concert très " peace ", sans être un
concert de reggae.
Après s'être accordé ce petit
temps de pause et de relaxation, on retourne vers la scène
proche de l'entrée pour écouter les suédois
de The International Noise Conspiracy. On a même
la chance de les croiser derrière la scène en train
de se motiver, tel un groupe de rock dans années 70 avant
de monter sur scène. Ils ont l'air d'y croire à
fond, en tout cas. Le temps de faire le tour pour gagner sa place,
et les voilà qui entrent sur scène. Aussitôt
entrés, aussitôt en action. Ils bougent beaucoup,
incapables de rester en place. Ils ont la pêche ces suédois,
c'est rien de le dire. Mais l'uniformité assez frappante
de leur son ne plaît qu'à moitié à
un public peu mobile
et peu emballé. C'était
bien parti, mais tous se rendent bien compte, et ce bien vite,
que leurs titres sont tous similaires. Dommage, car ça
balançait vraiment bien.
Obligé de les quitter plus vite que prévu,
il faut maintenant se rendre sur la plus petite scène pour
applaudir
ou plutôt huer Didier Super. Programmé
en même temps qu'Arno, c'est bien notre super Didier qui
remporte le gros lot : une foule énorme s'est massée
devant la toute petite scène numéro 4, à
tel point que l'on ne sait plus où se mettre. N'importe
quel petit bout d'espace donnant sur cette scène est pris
d'assaut. Incroyable. Sommes-nous donc autant que ça à
apprécier le discours de Didier Super ? Il faut le croire.
Musicalement, c'est probablement le truc le plus mauvais de sa
génération. C'est justement ça qui fait que
Didier Super est
super ! Les riffs de guitares sont minables,
les solos de flûte de son demi-frère Fabrice sont
tous aussi
pitoyables. Mais on reste, parce que ça
c'est original ! Et tout le monde s'amuse, en écoutant
que les pauvres font chier et n'ont qu'à pas être
pauvres, que les riches ont leurs soucis et qu'il faut les comprendre,
que les petits anarchistes de 15 ans achètent des tee-shirts
à 300 balles ou encore qu'il faut brûler les enfants,
" comme au Brésil ". C'est très con, mais
qu'est-ce que c'est bon. Un vrai spectacle, à moitié
sur scène, à moitié parmi la foule. Didier,
t'es vraiment super !
On rejoint ensuite les stands pour se restaurer,
et on croise les Wailers, les Blérots ou encore Louise
Attaque dans le village des artistes, dans une ambiance assez
cordiale, en pleine forêt. Louise Attaque, d'ailleurs,
s'apprête à monter sur scène. Ils entament
le concert avec pas mal de titres du nouvel album, et le public
répond présent en masse : ça part sur les
chapeaux de roues ! Bien sûr, ce sont les morceaux du "
vieux temps " qui trouvent surtout un succès immense,
à l'image des Nuis parisiennes. Mais, ceux là se
font rares et, très franchement, les nouvelles compositions
ne sont pas à la hauteur de ce que Louise Attaque faisait
avant : le violon perd de son importance, les riffs de guitare
sont plus violents, et les compositions moins habiles et moins
accrocheuses. Heureusement pour eux, ils ont un bon public, qui
ne leur tient pas rigueur de ces nouveaux titres, bien trop content
de revoir ensemble les membres de Louise Attaque après
leur séparation. Les classiques sont quand même de
la partie : Tu dis rien, J'temmène au vent, Léa
ou encore Ton invitation. Eh oui, ça fait la différence
!
On retourne boire un peu d'eau et reposer nos jambes bien meurtries
dans l'espace artistes, où l'on croise encore les Wailers,
qui partent bientôt sur scène, ainsi qu'une bénévole,
encore toute émoustillée d'avoir pu serrer dans
ses bras le saxophoniste des Wailers.
Les Wailers, justement, on les retrouve
quelques instants plus tard sur la grande scène (ça
va de soi). Ils ont toujours autant la pêche, malgré
l'âge de certains. Un grand respect règne autour
de la scène. Logique, on reçoit quand même
les musiciens du grand Bob Marley. Le concert est intense, assez
beau même. L'esprit " rastafari " est bien là,
et nous sommes bercés par les titres, aussi alléchants
les uns que les autres. Mention spéciale, évidemment,
pour les anciens grands tubes de Bob, qui nous reviennent tout
naturellement en mémoire, et nos lèvres se meuvent
mécaniquement. Une sensation assez étrange mais
impressionnante. Le temps passe assez vite. Bien sûr, tous
autant que nous sommes, nous nous laissons envahir par la qualité
de la musique des Wailers. Une belle manière de terminer
une journée bien remplie que d'écouter de tels artistes.
Un plaisir, mais aussi un honneur.
Juste avant de partir, on s'attarde sur le concert
de Babylon Circus, qui a la dure tâche de maintenir
éveillée une foule fatiguée par la chaleur
et par une journée remplie de musiques, diverses et variées.
L'objectif est plus que réussi, puisque non seulement le
public reste éveillé mais en plus en redemande !
Les mouvements de foule sont assez saisissants, alors qu'il est
pourtant une heure du matin passée. C'est trop pour nous.
On rentre se coucher après avoir emprunté la navette
mise en place par l'organisation. Une belle journée. Il
en reste encore deux !
Suite.
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