Thierry :
Mon premier album était plus direct.
Albin : Dans cet album là tu dis des choses, pas forcément
agressives mais super fortes, comme ce que tu dis sur la société
ou les retraités. Ca va hyper droit au but. On se demande
parfois si tu es sérieux ou pas. C'est assez ambigu comme
positionnement. On dirait que tu essaies d'attraper l'auditeur par
le colbac.
Albin,
vous par contre, vous maniez sur votre album le décalage
charmant ? Même pour parler du suicide, vous évoquez
un pommier ?
Albin : Alors ça oui, moi je me barre en courant
! Plutôt que de parler de la mort directement je préfère
parler de l'arbre. C'est une question de pudeur.
Thierry : La langue française permet moins d'être
explicite que la langue anglaise par exemple. Sur certaines
chansons j'ai voulu être très explicite. On m'a
souvent dit que j'étais très second degré
sur le premier album, alors cela m'amusait de prendre le contre-pied
sur le second.
Albin : Il y a aussi 'Je mange pour travailler' sur ton
album qui est très direct.
Thierry : Comment la reçois-tu toi cette chanson
?
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Albin :
Comme une sorte de tableau, un descriptif de la société.
Quelqu'un qui s'endort en vendant ses volailles en étant
tracasser de savoir qui de l'uf ou de la poule est venu le
premier.
Thierry : C'est un personnage fondu dans la masse des gens
qui trime.
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Comme
peut le faire un chanteur ?
Thierry : Oui mais il y a beaucoup de gens qui pensent
que faire un album ce n'est pas travailler.
Albin : Ils ont du mal à envisager la passion
et le travail ensemble.
Thierry : Le problème c'est qu'un artiste passe
toute sa vie pour travailler à essayer de faire croire,
au moment où il montre son art, que c'est inné,
que cela tombe du ciel.
Albin : Pas con ça. Un album dans nos cas c'est
vraiment du temps passer derrière des machines, des instruments,
des papiers et crayons. Avec des doutes énormes. A se
prendre la tête
Thierry : C'est un sacerdoce. |
Albin :
Mathieu Boggaerts qui est un penseur du XXIème siècle,
a dit au XXème siècle, que parfois quand il regarde
en arrière tout ce qui reste de sa vie c'est 3 fois 40 minutes
de musique.
Thierry,
on vous compare souvent à Dutronc, Chamfort, Polnareff mais
jamais à Patrick Juvet, est-ce du racisme artistique ?
Suite
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